De Bormes-les-Mimosas à Cavalaire-sur-Mer

Sur la Côte d’Azur [Étape n°06]


Sea, seats and sun…

J’ai bien fait de m’arrêter hier soir juste avant d’atteindre Bormes-les-Mimosas. Je me doutais un peu de ce qui risquait de m’attendre ensuite mais je n’en aurais jamais imaginé le degré : quelques minutes à peine après être reparti ce matin, je me suis retrouvé sur le territoire de la commune du Lavandou, une agglomération qui paraît être entièrement basée sur l’exploitation du tourisme de masse au soleil.

Ici, le béton et le bitume monopolisent le bord de mer. Sur les trois ou quatre kilomètres précédant le port et la plage et à peu près autant ensuite, tout le terrain disponible est occupé par des maisons et des immeubles souvent peu esthétiques.

Ce n’est certes pas propre à cette ville mais quelle tristesse de voir les accès à de merveilleux paysages ainsi défigurés un peu partout et particulièrement sur les rives de la Méditerranée. Voitures, parcmètres, parkings bondés, touristes, petit train… et bien sûr aussi la mer bleue, le soleil, le sable et les parasols. « Il en faut pour tous les goûts » et « tout le monde a droit aux vacances et au bonheur » diront certains. Certes, certes, mais en ce qui me concerne, « courage, fuyons ! »

Fuir, d’accord, c’est bien beau mais par où ? Après Le Lavandou, je devais impérativement passer par Cavalaire puisque des Space Invaders se trouvent dans ces deux villes et que, faut-il le rappeler, photographier ces mosaïques a été le prétexte trouvé pour faire cette moyenne promenade. Hormis quelques centaines de mètres où il a été possible de marcher sur un sentier littoral largement amputé par l’érosion et par l’urbanisation de grosses portions de son trajet et, de temps à autre, de courtes portions d’une piste cyclable protégée, je n’ai pas pu faire autrement pour atteindre mon but du jour que suivre pendant plusieurs heures la route très fréquentée qui mène à Cavalaire-sur-Mer, en faisant sans cesse attention aux automobiles arrivant d’en face à pleine vitesse.

Cela m’a rappelé quelques-unes de mes étapes italiennes de 2021… qui sont maintenant d’excellents souvenirs. Espérons qu’il en sera de même pour celle d’aujourd’hui.

De Hyères à Bormes-les-Mimosas

Sur la Côte d’Azur [Étape n°05]


Après la pluie, le vent… et le soleil !

Le vent a soufflé fort toute la nuit et ce matin le ciel était tout bleu, débarrassé grâce au mistral des lourds nuages qui avaient passé la journée d’hier à déverser leur trop plein sur ma tête.

Après un crochet de quelques kilomètres vers le sud pour aller « flasher » un Space Invader situé sur la presqu’île de Giens, j’ai longé la côte pendant la plus grande partie de la journée, sur des sentiers côtiers ou sur de longues plages, bien aidé en cela par le mistral dont les rafales me poussaient sans retenue dans la bonne direction.

Vers midi je me suis arrêté pour déjeuner à une table de pique-nique, quelques mètres en retrait d’une plage déserte parmi les pins parasol. Flop la Girafe, dont la peluche avait accroché une pellicule de grains de sable déposés par le vent a exigé à juste titre que je commence par lui faire un brin de toilette.

À ce propos, j’ai bien compris qu’un certain nombre des personnes qui disent me suivre sont en fait des groupies de Flopette et qu’elles cherchent avant tout à trouver ici des nouvelles de leur idole. Qu’elles se rassurentnbsp;: la girafette va très bien et continue à se promener sans fatigue, confortablement installée sur le sac à dos de son « mulet » – sauf hier il est vrai, quand les intempéries l’avaient fait se réfugier prudemment à l’intérieur de mon sac à dos. Même en restant au sec, son caractère reste bien trempé mais, avec les années, notre modus vivendi a pris un rythme de croisière et nos accrochages de vieux couple deviennent plus rares.

Après déjeuner j’ai rapidement quitté le bord de mer pour m’enfoncer vers l’intérieur des terres, à travers des vignes, des plantations d’amandiers, puis du maquis et des bois pour arriver au pied de la colline dont Bormes-les Mimosas occupe les pentes. Ce soir, au menu, ce sera semoule et sardines à l’huile.

De La Farlède à Hyères

Sur la Côte d’Azur [Étape n°04]


De l’eau et du Merlot !

Dix minutes après mon départ de La Farlède une pluie fine s’est mise à tomber. Enfin, fine au début ; une bruine qui pendant quelques minutes m’a donné l’espoir que mon chapeau suffirait à me protéger car la température était déjà assez élevée pour que ma chemise sèche sitôt qu’elle avait reçu quelques gouttes, mais bien sûr cela n’a pas duré. Les gouttes sont devenues plus drues, me faisant dégainer mon parapluie, puis ce furent des averses répétées parfois violentes m’amenant à sortir la veste de pluie et à dézipper les jambes de mon pantalon pour le transformer en short.

Autant dire que je n’ai pas pris beaucoup de photos aujourd’hui. Les paysages noyés sous les gouttes étaient indiscernables et il n’était pas question de sortir le smartphone de sa pochette imperméable en dehors d’une raison impérieuse.

La première de ces raisons a été ma rencontre avec Merlot, une sorte de basset aux longs poils noirs dont j’ai soudain remarqué la présence en entendant tinter au ras du sol la clochette accrochée à son collier. Nous étions alors un kilomètre après La Crau et je suivais une petite route déserte qui était censée m’amener au début du sentier que j’avais prévu d’emprunter.

En définitive, tout le secteur s’est avéré bloqué par une battue aux sangliers. J’en ai été quitte pour faire demi-tour et bénéficier de cinq kilomètres de marche supplémentaires sous la pluie. Voilà qui est sans doute excellent pour forger le caractère mais sur le moment je crains que le petit chien qui m’accompagnait n’ait appris quelques qualificatifs inconnus de lui pour décrire les chasseurs de la Côte d’Azur et d’ailleurs.

Merlot, donc, me suivait gaillardement en marchant tout près de mes pieds, réceptif à mes caresses et apparemment attentif à ma conversation, et je n’ai pas pu faire autrement que de le photographier à plusieurs reprises. Il arrive assez souvent qu’un chien trouve un randonneur sympathique et qu’il le suive pendant un certain temps mais lorsque j’ai vu qu’il faisait demi-tour avec moi sur cette petite route transformée en cul-de-sac, je me suis dit que ce gentil petit chien tout trempé qui se secouait toutes les 2 minutes pour essayer vainement de sécher un peu sa fourrure était peut-être perdu.

Je me suis décidé à appeler le numéro de téléphone inscrit avec son nom sur la médaille de son collier. Quelques minutes plus tard son humain venait le chercher en voiture avec de grands remerciements. Cela, au moins, a ensoleillé ma journée.

La privatisation des sentiers par les « amoureux de la nature à l’aide de fusils » m’avait ramené à La Crau, et pour rejoindre Hyères je n’ai pas trouvé d’autre chemin qu’une piste cyclable de terre battue pleine d’ornières détrempées sur laquelle je doute qu’aucun cycliste aurait osé s’aventurer, puis les trottoirs dont la grand route est heureusement pourvue à l’approche de la ville.

Ce n’est qu’en arrivant à Hyères qu’une seconde raison de sortir mon smartphone de sa pochette est survenue : la présence dans cette ville de deux Space Invaders que évidemment ajoutés à mon palmarès.

Du col du Corps de Garde à La Farlède

Sur la Côte d’Azur [Étape n°03]


Décoration d’extérieur.

Hier soir, après une journée presque entièrement passée à gravir et redescendre les sentiers caillouteux de l’arrière-pays toulonnais, je me suis endormi sous la toile de ma tente, seul au monde parmi des pins sylvestres secoués par le vent, à 500 mètres au-dessus de la Méditerranée. Je me suis réveillé dans les lueurs bleues et roses du soleil levant.

Ce soir, après une journée tout aussi enchanteresse et fatigante que celle d’hier, pendant laquelle j’ai beaucoup — et bien — marché, j’ai quitté le massif du Coudon pour rejoindre La Farlède. Ces sept ou huit heures de marche solitaire dans le calme odorant des pinèdes de moyenne altitude ne m’avaient pas préparé à ce qui m’y attendait.

Au lieu du petit village provençal que je m’étais imaginé, c’est dans une zone pavillonnaire proche de l’autoroute et au bord d’une voie rapide que ma chambre se trouvait, et le seul restaurant atteignable à pied était un « Bar Lounge Brasserie » dans lequel en ce samedi soir était organisée une « soirée fluo années 80″ avec la musique (à fond) qui allait bien. Ambiance – pas toute jeune – tout à fait sympathique d’ailleurs et bruyamment joyeuse. Les serveurs déguisés étaient aimables et efficaces, et j’ai bien dîné.

Seule similitude avec ma soirée d’hier, j’ai ensuite eu tout autant besoin de ma lampe frontale mais ce fut pour retrouver mon chemin et être vu des automobilistes sur les 800 mètres du retour vers ma chambre, en bordure d’une grand-route non éclairée. Non, en fait il y a aussi une autre similitude&nbsp: je pense que cette nuit aussi je vais bien dormir.

De Bandol au col du Corps de Garde

Sur la Côte d’Azur [Étape n°02]


Un splendide bivouac.

Hier soir à Bandol, le patron du restaurant avec qui je discutais en attendant l’addition du dîner m’a dit son soulagement que la saison soit enfin bientôt terminée. Ce soir, il avait presque eu l’impression de se reposer car son équipe n’avait servi « que » 100 couverts, au lieu de 350 à 400 chaque soir au mois d’août.

La remarque m’a doublement surpris, d’abord parce qu’il est plus habituel d’entendre un restaurateur se plaindre de la raréfaction de la clientèle que de sa trop grande abondance, d’autre part parce que la foule que j’avais vue déambuler sur le port avant de dîner comme moi à l’une des dizaines de terrasses qui y sont échelonnées avait paru bien dense au marcheur solitaire que je suis.

Les randonneurs sont plus habitués à chercher, parfois en vain, un commerce où acheter de quoi se faire un repas qu’à une telle accumulation de restaurants, et la foule n’est évidemment pas ce que je recherche lorsque je pars marcher. Cela dit, je savais bien ce qui m’attendrait certains jours lorsque j’ai choisi de faire cette « moyenne promenade » sur la Côte d’Azur, même en septembre.

Heureusement, une fois sorti de Bandol, j’ai pu m’extraire assez rapidement de la Riviera et grimper dans les hauteurs sur le sentier de randonnée GR51 que j’ai suivi toute la journée, le matin dans le massif du Gros Cerveau et l’après-midi celui du Croupatier.

Entre ces deux massifs, le GR51 descend jusqu’au fond des Gorges d’Ollioules, ce qui m’a permis de m’arrêter pour déjeuner dans cette petite ville. À dire vrai, je ne sais pas ce qui a été le plus éprouvant, de la descente assez raide vers Ollioules que mon genou n’a pas vraiment appréciée ou des deux premiers kilomètres tout aussi raides de la remontée du début d’après-midi vers le Col du Corps de Garde, avec le ventre plein de la pasta aux crevettes du midi !

Malgré mon manque flagrant d’entraînement, ce fut une excellente deuxième journée de remise en route avec de bons chemins, des paysages magnifiques sous le soleil du midi et le bonheur de trouver à 17 heures, au milieu de la caillasse omniprésente, un site de bivouac parfait près du sommet du Croupatier. Quelques mètres carrés d’un tapis d’aiguilles de pins placé là par les dieux de la randonnée, au milieu des cailloux qui m’ont permis d’assurer ma tente contre le vent, et avec un vue imprenable sur la mer Méditerranée et, très loin en-dessous de moi, les ports de Toulon et de La Seyne-sur-Mer.

De La Ciotat à Bandol

Sur la Côte d’Azur [Étape n°01]


Enfin reparti !

Plus d’un an après l’arrêt forcé de ma longue marche de 2023, me voici de nouveau sur les chemins. Mon genou droit multi-opéré est encore un peu douloureux mais il ne m’a pas empêché de parcourir au cours des derniers mois une dizaine de kilomètres par jour en prévision de ce qui ne pourra être cette année qu’une « moyenne promenade » visant à tester la mécanique et à déterminer si une longue promenade peut être raisonnablement envisagée l’année prochaine.

Plutôt que de repartir de Riom pour reprendre mon périple avorté de l’an dernier à l’endroit où il s’était arrêté, j’ai finalement choisi de suivre cette fois-ci les traces du même Invader sur la Côte d’Azur.

Arrivé vers 14h à la gare de La Ciotat, j’ai rejoint au bout de quelques kilomètres le drapeau « Départ » que l’artiste a posé à Saint-Cyr-sur-mer en 2007. Je devrais « flasher » si tout va bien le drapeau « Arrivée » qu’il a collé à Menton d’ici une quinzaine de jours.

Je préfère habituellement marcher sans avoir prévu mon point d’étape du soir, quitte à dormir sous la tente si je ne trouve pas d’abri en dur, mais en l’occurrence j’ai préféré réserver hier soir une chambre à Bandol pour cette nuit car des orages avec des pluies abondantes ont sévi dans la région au cours des dernières 48 heures. Du coup, il n’a pas fallu que je traîne après Saint-Cyr-sur-Mer pour ne pas finir cette première étape à des heures indues.

En définitive il avait cessé de pleuvoir quand je suis arrivé et cela m’a fait parcourir dix-sept kilomètres dans l’après-midi. C’était sans doute trop pour une reprise mais le genou a tenu bon, on verra ce que cela donne dans les prochains jours. En tout cas, ce soir je dors à Bandol et j’ai dejà « flashé » mes premières mosaïques.

Une « moyenne promenade » sur la Côte d’Azur

ChaussureAu cours des dernières années, les quelque trois cents billets que j’ai publiés sur Lignes de Fuite ont presque tous été placés dans sa rubrique « Randos » consacrée à mes longues marches. La partie Blog du site est ainsi restée quasi vierge de tout nouvel article. À l’époque, cela m’a semblé adapté pour regrouper les billets consacrés à chacun de ces périples mais comme, de périple, il risque fort de ne plus être question avant longtemps, je vais revenir à mes premières amours et publier de nouveau mes billets sur le blog.

Deux à trois mois de « longue promenade » chaque année, c’était devenu une douce habitude qui a été brutalement interrompue fin juin 2023 par une blessure du genou droit qui m’a obligé à interrompre à Riom l’Invader Trail débuté à Bilbao sept semaines plus tôt. J’ai pensé sur le moment qu’il s’agissait d’une simple lésion de ménisque et j’ai même espéré pouvoir reprendre ma marche une fois qu’elle aurait été traitée.

Sans entrer dans les détails, cet espoir était beaucoup trop optimiste. La déchirure du ménisque s’accompagnait de plusieurs fractures de fatigue du plateau tibial et d’une arthrose du genou. J’ai été opéré plusieurs fois mais, avec plus d’un an de recul, l’articulation reste douloureuse et l’épanchement n’a pas complètement régressé.

Je ne suis donc pas reparti cette année et je ne sais pas s’il me sera un jour possible de marcher à nouveau pendant de longues périodes. C’est pourquoi j’ai eu l’idée de « tester la mécanique » sur une courte durée (autour de deux semaines je suppose) en allant « flasher » à pied les mosaïques qu’Invader a placées tout au long de la Côte d’Azur. L’artiste en avait posé quarante, il en reste aujourd’hui vingt-six, dispersées sur la côte ou à l’intérieur des terres entre Saint-Cyr-sur-Mer et Menton.

Dans une dizaine de jours si tout va bien, je descendrai du train à La Ciotat et me dirigerai vers l’est avec en ligne de mire la frontière italienne, là même où a débuté il y a deux ans ma Diagonale Sud-Est Nord-Ouest. Les Space Invaders qui se trouvent sur le trajet seront pour moi des objectifs successifs à atteindre, jour après jour, pour découvrir comment ce satané genou se comporte.

Invader Trail

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PA_1234 (un SI « parisien » situé bien loin de Paris).

Au cours des dix ou douze dernières années, mes « longues promenades » m’ont fait, entre autres, traverser la France du nord au sud, puis de l’est à l’ouest, et l’an dernier en une longue diagonale sud-est -> nord-ouest.

Il semblait aller de soi que je finisse cette série de traversées de l’Hexagone en suivant cette année la diagonale symétrique à la précédente. Le problème, c’est que je n’étais absolument pas séduit par l’idée de cheminer pendant plusieurs semaines le long de la « diagonale du vide » comme il est habituel de désigner la bande de territoire qui va du département de la Meuse à celui des Landes et est appelée ainsi en raison de sa faible densité de population.

J’avais beau avoir lu et relu Pensées en chemin d’Axel Kahn, Le droit du sol d’Étienne Davodeau et quelques autres livres, et être très intéressé par la création en cours d’un « Trek de grande itinérance dans l’hyperuralité française » (sic) baptisé Le Chemin Sauvage, la baisse de moral que j’avais ressentie lors des deux semaines passées l’été dernier à traverser le centre quasi-désertique du pays, dans le sud du Puy-de-Dôme et la Creuse, ne m’incitait pas du tout à me lancer dans une telle entreprise.

J’ai pensé un moment à suivre un trajet similaire à celui de la Grande Traversée de la France réalisée par Jean-Marc « Caminaïre » en 2020 où à celui de l’Hexatrek, en partant de l’Alsace pour passer successivement par les Vosges, le Jura, le nord des Alpes, les Cévennes et les Pyrénées jusqu’à l’Océan atlantique. Oui, mais non… Comme je l’ai déjà écrit à plusieurs reprises, je ne suis pas un fanatique des sommets et le dénivelé cumulé aurait risqué d’être trop important pour mon âge bientôt vénérable.

J’ai donc mis longtemps à me décider. J’ai même commencé à élaborer un tracé totalement différent… dont je ne dirai rien aujourd’hui histoire de ne pas divulgâcher, qui sait, le trajet d’une marche ultérieure. Et puis, comme c’est souvent le cas pour ce type de projet, c’est progressivement que l’idée m’est venue de réunir le passe-temps qui m’a occupé quasiment tous les jours depuis six mois – je parle de la collecte des Space Invaders avec l’application FlashInvader – avec mon goût pour les longues marches.

Outre l’agglomération parisienne qui est de loin l’endroit où ils sont les plus nombreux, il en effet possible de « flasher » des SI dans bon nombre de villes de France et d’Europe accessibles à pied. Je me suis donc concocté un trajet partant de Bilbao, au Pays basque espagnol, pour s’achever à Strasbourg en passant par une dizaine de villes dans lesquelles se trouvent des Space Invaders.

L’inconvénient principal de ce trajet, c’est que par définition il me fera passer par plusieurs grandes villes ce qui n’est jamais la partie la plus agréable des longues marches. Son intérêt, outre le fait que les chemins que je parcourrai seront souvent bien balisés (y compris certaines portions du Camino de Santiago que je suivrai à l’envers) et que je devrais traverser de beaux paysages, est que je vais joindre « l’utile » accumulation de points dans FlashInvader à mon agréable (j’espère bien) longue promenade de cette année que j’ai évidemment choisi de baptiser « Invader Trail ».

Le chemin théorique que je suivrai est indiqué sur la carte ci-dessus. Il passera successivement par les villes « envahies » suivantes : Bilbao / Pau / Montauban / Clermont-Ferrand / Lyon / Genève / Lausanne / Berne / Bâle et s’achèvera à Strasbourg. Si mon rythme de marche le permet, je ferai en outre deux détours, l’un par Toulouse, l’autre par Grenoble – le premier étant plus probable que le second mais on verra bien.

J’ai estimé la distance totale à parcourir à un peu moins de 2.000 kilomètres et le dénivelé cumulé à environ 35.000 mètres. Départ de Bilbao prévu le 6 ou le 7 mai, selon le temps qu’il m’aura fallu pour flasher les SI de cette première ville. Tic-tac, tic-tac…

Space Invaders

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PA_1353 (Paris – 13ème arrondissement).

J’ai passé tout l’automne et l’hiver à marcher. Rien d’étonnant à cela pourrait-on dire mais en fait si car depuis mon arrivée à Porspoder je n’ai pratiquement plus fait de randonnée en dehors de promenades d’une journée en Bretagne et je n’ai bivouaqué qu’une seule fois. Pourtant je n’ai vraiment pas arrêté de marcher. J’ai passé une grande partie de mes journées, quatre ou cinq fois par semaine, à arpenter les rues de Paris et des communes avoisinantes à la recherche de « Space Invaders ».

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Tout le monde ou presque connaît ces petites mosaïques inspirées du jeu vidéo éponyme des années quatre-vingts. En 1998, leur créateur, l’artiste parisien qui a choisi le pseudonyme d’Invader, a eu l’idée de transposer les pixels du jeu vidéo en tesselles de céramique. Les Space Invaders de l’univers virtuel ont ainsi intégré le monde concret et parsèment désormais les rues d’une centaine de villes, en France et dans le monde entier.

Le quatre millième « SI » a été collé il y a un an à Potosi en Bolivie, à tout juste 4.000 mètres d’altitude. À Paris où elles sont près de mille cinq cents, et même si l’on n’y fait le plus souvent pas attention, on peut quasiment les voir à chaque coin de rue. Il y en a à Rome, à New-York, à Tokyo… mais aussi au fond de la mer à Cancún, au 3ème étage de la Tour Eiffel et même dans l’espace, à bord de la Station Spatiale Internationale.

FlashInvaders
Lorsque je suis revenu chez moi à la fin de l’été dernier après ma longue diagonale entre Menton et Porspoder, je me suis rappelé qu’avant mon départ j’avais lu quelque chose à propos d’une application sur smartphone permettant de « flasher » (photographier) ces mosaïques pour gagner des points permettant de gagner… rien du tout en dehors du plaisir de collectionner des créatures toutes différentes et de progresser dans le classement d’un jeu, appelé « FlashInvaders », auquel participent maintenant près de 300.000 personnes.

Ce jeu sans prétention m’a donné la motivation dont j’avais besoin pour marcher, tous les jours ou presque, pendant plusieurs heures dans les rues de Paris lorsque je m’y trouve et d’entretenir ainsi pendant ma forme physique pendant la morte saison.

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Il m’a aussi permis de redécouvrir une ville que je croyais connaître et de me rendre compte que c’était loin d’être vrai. Sans l’objectif de trouver de nouvelles mosaïques, je ne serais sans doute jamais allé dans certaines petites rues de la ville ou dans certains endroits qui, bien que n’ayant assurément pas un intérêt touristique majeur – les bords du périphérique par exemple – m’ont permis de découvrir des coins inconnus qui en valent souvent la peine… et de me procurer quelques émotions.

Ces longues promenades urbaines et péri-urbaines m’ont aussi permis de redécouvrir le street-art auquel je m’étais intéressé il y a bien des années mais dont je m’étais progressivement détaché, restant surtout centré sur les œuvres que j’allais voir dans les galeries ou les musées.

En quelques mois j’ai pratiquement achevé ma collection des Space Invaders parisiens et l’idée s’est fait jour de réunir ma manie du moment avec ma passion de toujours. J’ai choisi de dessiner le trajet de ma prochaine « longue promenade » en le faisant passer par une dizaine de villes d’Espagne, de France et de Suisse dans lesquelles se trouvent des SI et de baptiser logiquement cette prochaine longue marche « Invader Trail ». J’en parlerai bientôt.

Interlude

france_seno

Voilà plus de deux ans que la partie « Blog » de ce site est quasiment déserte et pour cause : presque tous les articles que j’ai publiés au cours de ces deux années — autour de deux cent trente, quand même — ne l’ont pas été ici mais dans la rubrique « Randos » où se trouvent mes billets écrits au jour le jour pendant mes longues marches de 2020-2021 (De Paris au Salento) et de 2022 (Diagonale SE-NO).

C’est donc là qu’il faut aller si vous avez envie de lire le récit de mes « longues promenades » passées et à venir.

Toutefois ce site était à l’origine destiné à recevoir également des billets concernant mes lectures et mes émotions artistiques, ce qu’évoque le double sens du nom que je lui ai donné, « Lignes de fuite ». Au cours des derniers mois, j’ai allié les deux en parcourant de nombreux kilomètres dans les rues de Paris et d’autres villes d’Europe, recherchant ou découvrant au hasard les œuvres d’artistes urbains dont le travail parfois splendide m’a souvent ému et parfois émerveillé. J’en parlerai ici bientôt.

Quoi qu’il en soit… merci de votre intérêt !

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