De La Farlède à Hyères
- Publié le Dimanche 8 septembre 2024
- par Serval
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Sur la Côte d’Azur [Étape n°04]

Dix minutes après mon départ de La Farlède une pluie fine s’est mise à tomber. Enfin, fine au début ; une bruine qui pendant quelques minutes m’a donné l’espoir que mon chapeau suffirait à me protéger car la température était déjà assez élevée pour que ma chemise sèche sitôt qu’elle avait reçu quelques gouttes, mais bien sûr cela n’a pas duré. Les gouttes sont devenues plus drues, me faisant dégainer mon parapluie, puis ce furent des averses répétées parfois violentes m’amenant à sortir la veste de pluie et à dézipper les jambes de mon pantalon pour le transformer en short.
Autant dire que je n’ai pas pris beaucoup de photos aujourd’hui. Les paysages noyés sous les gouttes étaient indiscernables et il n’était pas question de sortir le smartphone de sa pochette imperméable en dehors d’une raison impérieuse.
La première de ces raisons a été ma rencontre avec Merlot, une sorte de basset aux longs poils noirs dont j’ai soudain remarqué la présence en entendant tinter au ras du sol la clochette accrochée à son collier. Nous étions alors un kilomètre après La Crau et je suivais une petite route déserte qui était censée m’amener au début du sentier que j’avais prévu d’emprunter.
En définitive, tout le secteur s’est avéré bloqué par une battue aux sangliers. J’en ai été quitte pour faire demi-tour et bénéficier de cinq kilomètres de marche supplémentaires sous la pluie. Voilà qui est sans doute excellent pour forger le caractère mais sur le moment je crains que le petit chien qui m’accompagnait n’ait appris quelques qualificatifs inconnus de lui pour décrire les chasseurs de la Côte d’Azur et d’ailleurs.
Merlot, donc, me suivait gaillardement en marchant tout près de mes pieds, réceptif à mes caresses et apparemment attentif à ma conversation, et je n’ai pas pu faire autrement que de le photographier à plusieurs reprises. Il arrive assez souvent qu’un chien trouve un randonneur sympathique et qu’il le suive pendant un certain temps mais lorsque j’ai vu qu’il faisait demi-tour avec moi sur cette petite route transformée en cul-de-sac, je me suis dit que ce gentil petit chien tout trempé qui se secouait toutes les 2 minutes pour essayer vainement de sécher un peu sa fourrure était peut-être perdu.
Je me suis décidé à appeler le numéro de téléphone inscrit avec son nom sur la médaille de son collier. Quelques minutes plus tard son humain venait le chercher en voiture avec de grands remerciements. Cela, au moins, a ensoleillé ma journée.
La privatisation des sentiers par les « amoureux de la nature à l’aide de fusils » m’avait ramené à La Crau, et pour rejoindre Hyères je n’ai pas trouvé d’autre chemin qu’une piste cyclable de terre battue pleine d’ornières détrempées sur laquelle je doute qu’aucun cycliste aurait osé s’aventurer, puis les trottoirs dont la grand route est heureusement pourvue à l’approche de la ville.
Ce n’est qu’en arrivant à Hyères qu’une seconde raison de sortir mon smartphone de sa pochette est survenue : la présence dans cette ville de deux Space Invaders que évidemment ajoutés à mon palmarès.