De Bormes-les-Mimosas à Cavalaire-sur-Mer
- Publié le Mardi 10 septembre 2024
- par Serval
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Sur la Côte d’Azur [Étape n°06]

J’ai bien fait de m’arrêter hier soir juste avant d’atteindre Bormes-les-Mimosas. Je me doutais un peu de ce qui risquait de m’attendre ensuite mais je n’en aurais jamais imaginé le degré : quelques minutes à peine après être reparti ce matin, je me suis retrouvé sur le territoire de la commune du Lavandou, une agglomération qui paraît être entièrement basée sur l’exploitation du tourisme de masse au soleil.
Ici, le béton et le bitume monopolisent le bord de mer. Sur les trois ou quatre kilomètres précédant le port et la plage et à peu près autant ensuite, tout le terrain disponible est occupé par des maisons et des immeubles souvent peu esthétiques.
Ce n’est certes pas propre à cette ville mais quelle tristesse de voir les accès à de merveilleux paysages ainsi défigurés un peu partout et particulièrement sur les rives de la Méditerranée. Voitures, parcmètres, parkings bondés, touristes, petit train… et bien sûr aussi la mer bleue, le soleil, le sable et les parasols. « Il en faut pour tous les goûts » et « tout le monde a droit aux vacances et au bonheur » diront certains. Certes, certes, mais en ce qui me concerne, « courage, fuyons ! »
Fuir, d’accord, c’est bien beau mais par où ? Après Le Lavandou, je devais impérativement passer par Cavalaire puisque des Space Invaders se trouvent dans ces deux villes et que, faut-il le rappeler, photographier ces mosaïques a été le prétexte trouvé pour faire cette moyenne promenade. Hormis quelques centaines de mètres où il a été possible de marcher sur un sentier littoral largement amputé par l’érosion et par l’urbanisation de grosses portions de son trajet et, de temps à autre, de courtes portions d’une piste cyclable protégée, je n’ai pas pu faire autrement pour atteindre mon but du jour que suivre pendant plusieurs heures la route très fréquentée qui mène à Cavalaire-sur-Mer, en faisant sans cesse attention aux automobiles arrivant d’en face à pleine vitesse.
Cela m’a rappelé quelques-unes de mes étapes italiennes de 2021… qui sont maintenant d’excellents souvenirs. Espérons qu’il en sera de même pour celle d’aujourd’hui.
De Hyères à Bormes-les-Mimosas
- Publié le Lundi 9 septembre 2024
- par Serval
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Sur la Côte d’Azur [Étape n°05]

Le vent a soufflé fort toute la nuit et ce matin le ciel était tout bleu, débarrassé grâce au mistral des lourds nuages qui avaient passé la journée d’hier à déverser leur trop plein sur ma tête.
Après un crochet de quelques kilomètres vers le sud pour aller « flasher » un Space Invader situé sur la presqu’île de Giens, j’ai longé la côte pendant la plus grande partie de la journée, sur des sentiers côtiers ou sur de longues plages, bien aidé en cela par le mistral dont les rafales me poussaient sans retenue dans la bonne direction.
Vers midi je me suis arrêté pour déjeuner à une table de pique-nique, quelques mètres en retrait d’une plage déserte parmi les pins parasol. Flop la Girafe, dont la peluche avait accroché une pellicule de grains de sable déposés par le vent a exigé à juste titre que je commence par lui faire un brin de toilette.
À ce propos, j’ai bien compris qu’un certain nombre des personnes qui disent me suivre sont en fait des groupies de Flopette et qu’elles cherchent avant tout à trouver ici des nouvelles de leur idole. Qu’elles se rassurentnbsp;: la girafette va très bien et continue à se promener sans fatigue, confortablement installée sur le sac à dos de son « mulet » – sauf hier il est vrai, quand les intempéries l’avaient fait se réfugier prudemment à l’intérieur de mon sac à dos. Même en restant au sec, son caractère reste bien trempé mais, avec les années, notre modus vivendi a pris un rythme de croisière et nos accrochages de vieux couple deviennent plus rares.
Après déjeuner j’ai rapidement quitté le bord de mer pour m’enfoncer vers l’intérieur des terres, à travers des vignes, des plantations d’amandiers, puis du maquis et des bois pour arriver au pied de la colline dont Bormes-les Mimosas occupe les pentes. Ce soir, au menu, ce sera semoule et sardines à l’huile.
De La Farlède à Hyères
- Publié le Dimanche 8 septembre 2024
- par Serval
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Sur la Côte d’Azur [Étape n°04]

Dix minutes après mon départ de La Farlède une pluie fine s’est mise à tomber. Enfin, fine au début ; une bruine qui pendant quelques minutes m’a donné l’espoir que mon chapeau suffirait à me protéger car la température était déjà assez élevée pour que ma chemise sèche sitôt qu’elle avait reçu quelques gouttes, mais bien sûr cela n’a pas duré. Les gouttes sont devenues plus drues, me faisant dégainer mon parapluie, puis ce furent des averses répétées parfois violentes m’amenant à sortir la veste de pluie et à dézipper les jambes de mon pantalon pour le transformer en short.
Autant dire que je n’ai pas pris beaucoup de photos aujourd’hui. Les paysages noyés sous les gouttes étaient indiscernables et il n’était pas question de sortir le smartphone de sa pochette imperméable en dehors d’une raison impérieuse.
La première de ces raisons a été ma rencontre avec Merlot, une sorte de basset aux longs poils noirs dont j’ai soudain remarqué la présence en entendant tinter au ras du sol la clochette accrochée à son collier. Nous étions alors un kilomètre après La Crau et je suivais une petite route déserte qui était censée m’amener au début du sentier que j’avais prévu d’emprunter.
En définitive, tout le secteur s’est avéré bloqué par une battue aux sangliers. J’en ai été quitte pour faire demi-tour et bénéficier de cinq kilomètres de marche supplémentaires sous la pluie. Voilà qui est sans doute excellent pour forger le caractère mais sur le moment je crains que le petit chien qui m’accompagnait n’ait appris quelques qualificatifs inconnus de lui pour décrire les chasseurs de la Côte d’Azur et d’ailleurs.
Merlot, donc, me suivait gaillardement en marchant tout près de mes pieds, réceptif à mes caresses et apparemment attentif à ma conversation, et je n’ai pas pu faire autrement que de le photographier à plusieurs reprises. Il arrive assez souvent qu’un chien trouve un randonneur sympathique et qu’il le suive pendant un certain temps mais lorsque j’ai vu qu’il faisait demi-tour avec moi sur cette petite route transformée en cul-de-sac, je me suis dit que ce gentil petit chien tout trempé qui se secouait toutes les 2 minutes pour essayer vainement de sécher un peu sa fourrure était peut-être perdu.
Je me suis décidé à appeler le numéro de téléphone inscrit avec son nom sur la médaille de son collier. Quelques minutes plus tard son humain venait le chercher en voiture avec de grands remerciements. Cela, au moins, a ensoleillé ma journée.
La privatisation des sentiers par les « amoureux de la nature à l’aide de fusils » m’avait ramené à La Crau, et pour rejoindre Hyères je n’ai pas trouvé d’autre chemin qu’une piste cyclable de terre battue pleine d’ornières détrempées sur laquelle je doute qu’aucun cycliste aurait osé s’aventurer, puis les trottoirs dont la grand route est heureusement pourvue à l’approche de la ville.
Ce n’est qu’en arrivant à Hyères qu’une seconde raison de sortir mon smartphone de sa pochette est survenue : la présence dans cette ville de deux Space Invaders que évidemment ajoutés à mon palmarès.
Du col du Corps de Garde à La Farlède
- Publié le Samedi 7 septembre 2024
- par Serval
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Sur la Côte d’Azur [Étape n°03]

Hier soir, après une journée presque entièrement passée à gravir et redescendre les sentiers caillouteux de l’arrière-pays toulonnais, je me suis endormi sous la toile de ma tente, seul au monde parmi des pins sylvestres secoués par le vent, à 500 mètres au-dessus de la Méditerranée. Je me suis réveillé dans les lueurs bleues et roses du soleil levant.
Ce soir, après une journée tout aussi enchanteresse et fatigante que celle d’hier, pendant laquelle j’ai beaucoup — et bien — marché, j’ai quitté le massif du Coudon pour rejoindre La Farlède. Ces sept ou huit heures de marche solitaire dans le calme odorant des pinèdes de moyenne altitude ne m’avaient pas préparé à ce qui m’y attendait.
Au lieu du petit village provençal que je m’étais imaginé, c’est dans une zone pavillonnaire proche de l’autoroute et au bord d’une voie rapide que ma chambre se trouvait, et le seul restaurant atteignable à pied était un « Bar Lounge Brasserie » dans lequel en ce samedi soir était organisée une « soirée fluo années 80″ avec la musique (à fond) qui allait bien. Ambiance – pas toute jeune – tout à fait sympathique d’ailleurs et bruyamment joyeuse. Les serveurs déguisés étaient aimables et efficaces, et j’ai bien dîné.
Seule similitude avec ma soirée d’hier, j’ai ensuite eu tout autant besoin de ma lampe frontale mais ce fut pour retrouver mon chemin et être vu des automobilistes sur les 800 mètres du retour vers ma chambre, en bordure d’une grand-route non éclairée. Non, en fait il y a aussi une autre similitude : je pense que cette nuit aussi je vais bien dormir.
De Bandol au col du Corps de Garde
- Publié le Vendredi 6 septembre 2024
- par Serval
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Sur la Côte d’Azur [Étape n°02]

Hier soir à Bandol, le patron du restaurant avec qui je discutais en attendant l’addition du dîner m’a dit son soulagement que la saison soit enfin bientôt terminée. Ce soir, il avait presque eu l’impression de se reposer car son équipe n’avait servi « que » 100 couverts, au lieu de 350 à 400 chaque soir au mois d’août.
La remarque m’a doublement surpris, d’abord parce qu’il est plus habituel d’entendre un restaurateur se plaindre de la raréfaction de la clientèle que de sa trop grande abondance, d’autre part parce que la foule que j’avais vue déambuler sur le port avant de dîner comme moi à l’une des dizaines de terrasses qui y sont échelonnées avait paru bien dense au marcheur solitaire que je suis.
Les randonneurs sont plus habitués à chercher, parfois en vain, un commerce où acheter de quoi se faire un repas qu’à une telle accumulation de restaurants, et la foule n’est évidemment pas ce que je recherche lorsque je pars marcher. Cela dit, je savais bien ce qui m’attendrait certains jours lorsque j’ai choisi de faire cette « moyenne promenade » sur la Côte d’Azur, même en septembre.
Heureusement, une fois sorti de Bandol, j’ai pu m’extraire assez rapidement de la Riviera et grimper dans les hauteurs sur le sentier de randonnée GR51 que j’ai suivi toute la journée, le matin dans le massif du Gros Cerveau et l’après-midi celui du Croupatier.
Entre ces deux massifs, le GR51 descend jusqu’au fond des Gorges d’Ollioules, ce qui m’a permis de m’arrêter pour déjeuner dans cette petite ville. À dire vrai, je ne sais pas ce qui a été le plus éprouvant, de la descente assez raide vers Ollioules que mon genou n’a pas vraiment appréciée ou des deux premiers kilomètres tout aussi raides de la remontée du début d’après-midi vers le Col du Corps de Garde, avec le ventre plein de la pasta aux crevettes du midi !
Malgré mon manque flagrant d’entraînement, ce fut une excellente deuxième journée de remise en route avec de bons chemins, des paysages magnifiques sous le soleil du midi et le bonheur de trouver à 17 heures, au milieu de la caillasse omniprésente, un site de bivouac parfait près du sommet du Croupatier. Quelques mètres carrés d’un tapis d’aiguilles de pins placé là par les dieux de la randonnée, au milieu des cailloux qui m’ont permis d’assurer ma tente contre le vent, et avec un vue imprenable sur la mer Méditerranée et, très loin en-dessous de moi, les ports de Toulon et de La Seyne-sur-Mer.