Voyages avec un âne
- Publié le Vendredi 19 février 2010
- par Serval
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Je savoure en ce moment la lecture d’un délicieux récit de Robert-Louis Stevenson, Voyages avec un âne dans les Cévennes (1), livre de jeunesse du futur auteur de L’île au trésor et de L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde.
Il y raconte son périple de deux semaines dans les Cévennes, de Monastier à Saint-Jean-du-Gard, avec pour seule compagne une ânesse baptisée Modestine, « pas beaucoup plus grosse qu’un chien, de la couleur d’une souris, avec un regard plein de bonté et une machoîre inférieure bien dessinée. Il y avait autour de la coquine quelque chose de simple, de racé, une élégance puritaine, qui frappa mon imagination ».
La ‘coquine’, en effet, lui en fait voir de rudes, mais le jeune Stevenson découvre au cours de son périple l’empathie des rencontres, la magie des paysages, l’ivresse de la liberté.
Cette marche au pays des camisards lui fournit le matériau d’un livre revigorant, drôle et optimiste, qui est aussi l’un des premiers textes où la marche et le bivouac soient décrits comme des sources de plaisir et non comme un moyen fastidieux de se déplacer d’un endroit à un autre.
Lorsqu’il prépare son périple, il fait par exemple fabriquer par un artisan local un sac « en bâche verte imperméable à l’extérieur et en fourrure de mouton bleue à l’intérieur, commode comme valise, sec et chaud comme lit », bref ce qu’on peut considérer comme le premier sac de couchage de randonneur.
En fait, en cet automne 1878, Robert-Louis Stevenson invente un nouveau loisir, la randonnée pédestre, sans savoir qu’un jour le GR70 alias Chemin de Stevenson qui suit le tracé de son périple serait l’un des chemins de grande randonnée français les plus populaires parmi les marcheurs de tout poil.
(1) Une « édition critique à partir du manuscrit intégral », qui inclut aussi les dessins, lettres et documents divers rapportés de son voyage par Robert-Louis Stevenson est publiée par le Club Cévenol sous le titre Journal de route en Cévennes (Éd. Privat, 2008)
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Photo : Couverture de Voyages avec un âne dans les Cévennes (Coll. 10/18, éd. 2007), détail de la toile de Mark Aldlington intitulée Wild Ass, Rann of Kutch (collection privée / The Bridgeman Art Library).
Les ailes du désir
- Publié le Lundi 15 février 2010
- par Serval
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Le son de cette version VHS est médiocre et les couleurs de l’humanité sont un peu fanées, mais le noir et blanc angélique d’Henri Alekan est resté magnifique. Peu importe de toute façon : j’ai retrouvé dans ce chef-d’oeuvre la légèreté et la poésie que je me rappelais, cette espèce de joie mélancolique qui parcourt le film et résume la condition d’humain.
Ich weiss jetzt, was kein Engel weiss »
— Damiel
Les ailes du désir est à mon avis l’un des plus grands films de l’histoire du cinéma. Une oeuvre à part, féérique et onirique, humaniste et optimiste, qui fait se sentir heureux d’être vivant. Pendant quelques heures au moins, elle rend capable d’aimer et de pardonner aux humains, nos semblables, d’être ce qu’ils sont.
Prurit
- Publié le Dimanche 31 janvier 2010
- par Serval
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Un jour, on achète ce stylo à la ligne pure que l’on tient bien en main et dont la plume est douce. Un autre jour, on trouve enfin le cahier finement ligné, épais juste comme il faut, sur lequel la plume va pouvoir glisser comme un cygne.
Un soir, pour la première fois, on ouvre le cahier, on retire le capuchon du stylo, on commence à écrire. Mot après mot, page après page, on écrit.
Les années passent. On pourrait dire « cahier après cahier » maintenant, des centaines de pages que personne n’a lues. « Les paroles s’envolent, les écrits restent » dit-on. Soit, mais quelle différence cela fait-il si ce qu’on écrit n’est lu par personne ? Pourquoi des mots enterrés vaudraient-ils plus que des paroles envolées ?
Peut-être tout simplement n’était-ce pas le bon outil. Peut-être est-il temps d’en choisir un autre.
Essayons.