Peter Fechter

Mémorial pour Peter Fechter
Mémorial pour Peter Fechter (Juin 1988)

C’était un maçon de 18 ans. Construire des murs était son métier. Pourtant, en ce 17 Août 1962, rien n’aurait pu rendre Peter Fechter plus heureux que de voir mis à bas ce Mur qui coupait sa ville en deux et qu’il tentait ce jour-là de franchir.

Tandis que son camarade Helmut Kulbeik échappait aux tirs des gardes de Berlin-Est et réussissait à sauter sain et sauf de l’autre côté du Mur, Peter Flechter était atteint d’une balle dans le dos. Il réussit quand même à se hisser jusqu’au sommet du mur mais ne put pas franchir les barbelés qui le couronnaient. Il retomba en arrière, du côté Est du Mur, dans la « zone de la mort ».

Il voulait juste la liberté
« Il voulait juste la liberté »
L’ayant vu sur le mur, des habitants de Berlin-Ouest se précipitèrent vers le lieu du drame. Ils n’étaient qu’à quelques mètres de lui, mais de l’autre côté du Mur, criant « assassins » aux soldats est-allemands qui l’avaient abattu.

Peter Fechter n’était pas encore mort pourtant. Gisant sur le sol, il cria « Hilfe ! Hilfe ! » pendant près d’une heure, jusqu’à ce qu’il n’ait plus assez de souffle pour crier « À l’aide ». Il mourut lentement tandis que la foule continuait de crier, empêchée par les fusils des soldats Ouest-allemands de lui porter secours par crainte d’un incident diplomatique.

Vingt-sept ans devaient encore s’écouler avant la chute du Mur de Berlin.

Traversée Nord-Sud

Quelque part dans les Cévennes

La semaine que j’ai passée en Lozère sur les traces de Robert-Louis Stevenson a été mon baptême de la grande randonnée. Jusqu’alors, j’étais un marcheur occasionnel, qui aimait passer de temps à autre une journée sur les chemins de la région parisienne, seul ou — rarement — avec l’un de mes fils.

Une fois seulement, il m’était arrivé de partir pendant deux jours en passant la nuit dans un petit hôtel soigneusement réservé à l’avance. Ça avait été une belle balade, mais cette traversée du Gévaudan et des Cévennes sur le Chemin de Stevenson, que j’ai relatée au fil de ce blog en mai dernier, fut une expérience d’une toute autre dimension. Huit jours de marche entre Langogne et Saint-Jean du Gard qui m’ont fait comprendre l’énorme différence entre « faire une randonnée » d’un ou deux jours et « voyager à pied ».

Partir sur les routes, c’est changer d’univers. On abandonne ses habitudes comme un serpent sa vieille peau. Il suffit d’un ou deux jours pour que ce qui était la vie de tous les jours paraisse étrange et étranger. Ce qui hier occupait toutes nos pensées — l’emprunt en cours, le dossier à finir, le collègue qu’on supporte mal, les mails auxquels il faut répondre — devient dérisoire ; mieux, tout cela disparaît de nos pensées, de notre vie ; cela n’existe plus. Quand le besoin de boire un verre d’eau ne peut plus être satisfait par un simple aller-retour jusqu’à la cuisine, les priorités d’hier perdent toute consistance, et les besoins de base — manger, boire, dormir — reprennent leur réelle place.

Marcher seul pendant plusieurs jours, c’est décider de se couper de ses amis, de sa famille, de son travail. C’est être seul le plus souvent, et pourtant c’est l’occasion de bien plus de rencontres que dans la vie de tous les jours, où l’on côtoie beaucoup de monde mais où les rencontres sont rares et policées. Sur les chemins, elles sont l’occasion de se saluer, de parler ou de se taire, de donner et de recevoir.

Traversée Nord-Sud
J’étais à peine rentré des Cévennes que l’envie de repartir me chatouillait les pieds et l’âme. Il a suffi de quelques jours pour décider de ma prochaine randonnée, en regardant une carte de France. Ce bel hexagone régulier m’a soufflé la réponse la plus évidente : depuis Dunkerque au nord, il suffit de tracer une ligne quasi verticale pour arriver à Perpignan, quelques mille kilomètres plus au sud à vol d’oiseau. « Et si je traversais la France du nord au sud ? » me suis-je dit.

Pourquoi pas, après tout ? Il suffit de le vouloir, donc c’est décidé : je vais traverser la France continentale à pied, du nord au sud, de Dunkerque à Perpignan. Plus précisément, j’irai de la commune française la plus septentrionale, Bray-Dunes à la frontière belge, jusqu’au Cap Cerbère à la frontière espagnole. Mille kilomètres à vol d’oiseau, combien cela peut-il faire de kilomètres quand on voyage à pied et en empruntant les chemins détournés ? Deux mille ? Deux mille cinq cents peut-être ? On verra bien.

Si j’étais retraité, je pourrais partir pendant deux ou trois mois pour vivre ce voyage en une fois, mais je ne suis pas retraité. Il va me falloir fragmenter la route en segments de quelques jours ou de quelques semaines. Eh bien soit, je ferai autant d’étapes et diviserai le parcours en autant de segments qu’il sera nécessaire. J’y mettrai le temps qu’il faudra, mais que ce soit en un an ou en cinq, cette Traversée Nord-Sud, je vais la faire ! Sans me presser, par le chemin des écoliers et en profitant au maximum des paysages et des rencontres. Et j’ai déjà hâte de partir.

“Lignes Indéterminées” à Salzbourg

Bernar Venet - Salzbourg (2010)

Bernar Venet – Salzbourg (2010)

Bernar Venet dont on a parlé tout récemment dans la presse en raison de l’installation à Nice, la ville où il a grandi, d’un gigantesque obélisque de 30 mètres de haut, s’est rendu célèbre par ses Lignes Indéterminées. Parmi les formes que ces dernières empruntent, figurent en particulier des arcs monumentaux en acier corten.

Croyez-moi si vous voulez, mais ce type fait visiblement une obsession sur moi : partout où je voyage, il se débrouille pour que je tombe sur ses sculptures.



Bergen (2006)


Bernar Venet - San Diego (2009)

San Diego (2009)


Lorsque j’étais en vacances en Norvège, en juillet 2006, elles étaient à Bergen. Lorsque je suis allé à Bordeaux en 2007, c’est là qu’il les avait exposées. À San Diego, en Octobre 2009, rebelote ! Et aujourd’hui, alors que je me baladais sans méfiance dans les rues de Salzbourg, que croyez-vous qui m’attendait au coin d’une rue ?

Désolé Bernar, mais il va falloir te faire une raison : tes sculptures sont très belles, mais je ne vais décidément pas t’en acheter, mon salon est trop petit.

Les armes à feu aux États-Unis

Affiche

Dans un arrêt décidé à 5 voix contre 4 dans l’affaire McDonald vs Chicago, la Cour Suprême des États-Unis vient de décider que « Le deuxième amendement garantit le droit individuel de chacun de détenir et de porter une arme à feu pour servir des intérêts légaux, notamment l’autodéfense chez soi ». C’est une grande victoire pour la National Rifle Association (NRA), lobby qui prône une libéralisation totale des armes.

Le Second Amendement de la Constitution des États-Unis, qui date de 1791, stipule qu’« une milice bien organisée, étant nécessaire à la sécurité d’un État libre, le droit du peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé ».

Certaines villes comme Chicago ont toutefois mis en oeuvre des limitations à la détention et au port d’armes, que cette décision de la Cour Suprême va rendre caduques.

Et pourquoi est-ce qu’on ne se débarrasse pas du système judiciaire pour revenir au bon vieux Far-West ? Tu as un flingue et j’ai un flingue, allons donc régler ça dans la rue ! [...] Nous nous racontons que notre société est la plus évoluée du monde… mais le reste du monde rit de nous.
— Richard Daley, maire de Chicago

On est forcément étonné, de ce côté de l’Atlantique, de voir la question de la détention d’armes discutée en fonction d’un texte vieux de plus de deux siècles, et apparemment pas en fonction du problème de santé publique que ces armes représentent : en 2007, 12.632 personnes ont été assassinées par arme à feu aux États-Unis, et 48.676 autres personnes ont été soignées dans les services d’urgences pour des blessures par balles reçues lors d’agressions à main armée. Plus de 1.000 personnes ont aussi été tuées par accident.

Dans l’immense majorité des cas, ces armes avaient été achetées légalement, parfois auprès d’un vendeur ayant une licence, mais le plus souvent (85% des cas) auprès d’un particulier. En effet, aux États-Unis tout le monde a le droit de vendre une de ses armes à quiconque sans aucun contrôle, éventuellement de manière anonyme et avec paiement en liquide.

La Cour Suprême est cependant en accord avec la grande majorité des Américains dont plus des trois-quarts sont favorables à la possession d’armes à feu. Avec le maintien de la peine de mort, c’est l’une des tristes particularités culturelles de ce pays quand on le compare aux autres démocraties.

Munich – Un bock de bière sur la Marienplatz

Glockenspiel
Le Glockenspiel

Munich a beau être une ville moderne de près d’un million et demi d’habitants, la première impression quand on arrive ici, c’est de se trouver dans un village sorti d’un conte de fées médiéval.

Le centre historique, ramassé sur quelques centaines de mètres, s’explore à pied en quelques heures. L’entrée dans la vieille ville par Isartor, l’une des trois portes originelles de la ville, qui date du 14e siècle, conduit à la Marienplatz, le coeur de Munich, grande place bordée par un mélange d’architecture Gothique et d’Art Nouveau.

C’est là que se trouve le Neues Rathaus, l’Hôtel de Ville néogothique et son célèbre carillon, le Glockenspiel, dont les automates colorés illustrent trois fois par jour deux épisodes de l’histoire munichoise.

Assis à la terrasse d’une brasserie, je regarde mes voisins. Les touristes sont les mêmes partout, mais les autochtones sont nombreux. Comme leur ville, les Munichois mêlent visiblement tradition et modernité.

Il suffit de cinq minutes pour apercevoir tous les clichés de la Bavière : partout il y a des coucous et des bocks ; on y voit des femmes, souvent jolies, dont les chevelures ne sont pas toujours les seules à être un peu lourdes, et des hommes blonds aux joues rouges en lederhosen qui mangent des saucisses et boivent leur bière dans des bocks d’un litre.

Mais ils peuvent avoir plus de soixante ans ou moins de trente, et être en grande discussion avec leur voisin tatoué, en bermuda et tee-shirt flottant. L’identité bavaroise revendiquée n’implique pas le conformisme

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