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Traversée Nord-Sud, étape n°6 : Wirwignes -> Beutin (mercredi 21/07/2010).
Vous pouvez aussi voir ici la liste de toutes les étapes de la Traversée Nord-Sud
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Détritus au bord de la route

Depuis deux jours, les champs succèdent aux champs : maïs et betteraves, betteraves et maïs. Il fait chaud ; il fait même lourd. Le ciel s’est chargé de gros nuages gris. Il pleuvra probablement avant que j’arrive au terme d’une étape prévue pour faire une trentaine de kilomètres.

Une grosse ampoule est apparue hier sous mon pied droit, la faute sans doute à des chaussettes trop fines. J’ai mis en place avant de partir un de ces pansements hydro-colloïdes quasi magiques qui, sans aller jusqu’à faire de la marche sur phlyctènes une variante agréable de la randonnée pédestre, transforment au moins la douleur en un inconfort supportable.

N’empêche, il paraît raisonnable de chercher à raccourcir le trajet. Assis sur une borne du chemin d’exploitation que je suis depuis une heure, j’examine la carte. Il est possible de gagner près de trois kilomètres en délaissant bientôt les zigzags du GR pour une route départementale qui se dirige en ligne droite dans la bonne direction. Allons-y.

Marcher le long d’une route goudronnée n’est pas la plus agréable façon de parcourir la campagne. Le sol semble réfléchir sous mes pieds douloureux la chaleur lourde et humide qui pèse sur mes épaules et sur mon dos. Par bonheur, cette route-ci n’est pas trop fréquentée, et son accotement est suffisamment large pour ne pas imposer un repli précipité en zone sûre à chaque bruit de moteur.

Le bas-côté exhibe les habituelles traces du passage des automobiles et des automobilistes : bouteilles vides, cannettes de bière ou de jus de fruits, sacs plastiques, paquets de cigarettes, mégots. Le macadam quant à lui est constellé de cadavres de petits animaux écrasés. Escargots mal inspirés, lombrics malchanceux, insectes volants ou non, veinent le bitume de multiples taches, de couleurs variées. De place en place gît une victime plus volumineuse de la mécanisation automobile : hérisson qui a cru ses épines capables de le protéger, lapin qui n’a pas sauté du bon côté, chat surpris, chien trop confiant.

En fin d’après-midi, les nuages crèvent enfin. De grosses gouttes s’abattent sur la route et sur moi ; une pluie lourde qui, au moins, effacera un peu les traces de l’hécatombe.

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