Chemin faisant

Chemin faisant, de Jacques Lacarrière

Un beau jour d’août 1971, Jacques Lacarrière part de Savernes, dans les Vosges, pour un voyage à pied à travers la France, en se donnant pour seuls impératifs : « aller du nord vers le sud, et avoir en pensée, sans cesse, au cours de cette marche, l’image de la Méditerranée ». Fin novembre, après plus de mille kilomètres et de multiples rencontres, il arrive à Leucate, dans les Corbières. Un livre naîtra de cette longue promenade : Chemin faisant.

Jacques Lacarrière a alors 45 ans. Après des études de lettres classiques et de langues orientales, il a fait du théâtre, écrit des poèmes, été critique littéraire, journaliste et écrivain. À l’âge de 22 ans, il a découvert la Grèce en y jouant du théâtre classique, au sein d’une troupe composée d’étudiants de la Sorbonne. Ça a été le début d’une histoire d’amour, qui durera toute sa vie, avec un pays qu’il sillonnera de part en part, le plus souvent à pied, pendant des dizaines d’années.

Helléniste passionné, aussi bien en ce qui concerne la culture grecque classique que moderne, Jacques Lacarrière s’est en fait intéressé à tout le bassin méditerranéen. Le livre qui l’a fait connaître comme écrivain, L’Été grec, relate les rencontres faites durant vingt ans de séjours multiples et souvent prolongés dans un pays « qui existe toujours », « une Grèce quotidienne de 4000 ans ». Cet ouvrage spendide reste le livre-phare de Jacques Lacarrière, celui dans lequel s’expriment de la manière probablement la plus élouissante son esprit libertaire, l’acuité de ses perceptions et l’étendue d’une culture qui n’est jamais ostentatoire.

De nombreux livres paraîtront au cours des années ultérieures, essais, poèmes, romans. Quelques années plus tôt néanmoins, il avait déjà publié Chemin faisant. Écrit avec deux ans de recul sur son périple, ce livre est issu des notes prises en cours de route et des souvenirs que sa mémoire a sélectionnés, transformant les événements successifs du voyage en « un monde nouveau, le seul qui demeure aujourd’hui pour moi-même, de ce qui fut vraiment vécu. Mon vrai voyage, c’est ce livre où je reprends les traces anciennes, retrouve tels sentiers, telles herbes, tels visages, seuls accessibles à la mémoire. »

Chemin faisant est devenu un classique de la littérature de voyage. Il s’agit évidemment, avec quelques autres ouvrages, d’un modèle pour le randonneur bloggeur que je suis — avec la modestie qui s’impose et toutes proportions gardées puisque, contrairement à Jacques Lacarrière, je ne suis pas « un écrivain qui marche », mais simplement « un marcheur qui écrit » un peu.

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