De Kercarn à Guidel

Tour de Bretagne [Étape n°58]

L'embouchure de la Laïta
L’embouchure de la Laïta

J’‘ai passé une excellente nuit dans ce petit pré isolé et suis reparti vers 9 heures en longeant la côte jusqu’à l’anse de Doëlan dont j’ai fait le tour avant d’arriver à un autre fleuve côtier, la Laïta. Ce cours d’eau (dont le nom a une consonance étonnamment russe, je trouve) délimite la « frontière » entre le Finistère et le Morbihan. Ce soir donc, après avoir fait sur une quinzaine de kilomètres le tour de l’embouchure de la Laïta entre Le Pouldu et Guidel c’est dans le Morbihan que je planterai la tente, après 35 étapes finistériennes.

Une fois revenu sur le bord de mer, le chemin traverse les dunes, dans un paysage qui me rappelle le Nord et ces dunes autour de Leffrinckouke, entre la frontière belge et Dunkerque, où je suis passé il y a huit ans lors de la première étape de ma Traversée nord-sud de la France… Du sable, des oyats, et des blockhaus dans tous les coins, gris, sales et couverts de tags. Une humanité glauque déambule en petits groupes peu sympathiques, et il y a de-ci de-là parmi les herbes des seringues usagées et des papiers à colombins… Voilà qui me fait rapidement rejeter l’idée de chercher un abri pour la nuit dans un des blockhaus.

Pourtant, un abri en dur n’aurait pas été de refus ce soir car il y a beaucoup de vent et le ciel se couvre, laissant présager de la pluie pour bientôt. Il est déjà tombé quelques gouttes dans l’après-midi, rien d’abondant, mais ce soir cela semble plus sérieux. La présence de nombreux étangs rend difficile de s’enfoncer dans les terres et finalement, je trouve un coin à peu près correct et plat, à une centaine de mètres de la mer, et où je suis invisible depuis les blockhaus à junkies.

Il est près de 21 heures et je suis crevé. Sans réfléchir, je monte l’abri comme les jours précédents, en m’arrangeant pour que ce soit ma tête qui soit un peu plus haut que les pieds et avec le bâton réglé à 115 cm. Une semoule froide, un reste de Coca, dodo. Enfin, j’essaie. Le vent souffle bien, et il passe sous la toile de la tente, m’arrivant directement sur le sommet du crâne. Qu’à cela ne tienne, je sors mon bonnet du sac et l’enfile, et je place le sac à dos entre ma tête et la paroi. C’est mieux que rien. Sursac fermé, bouchons d’oreilles en place, ça devrait aller…

Ben non. Ca ne va pas du tout. J’ai réussi à m’endormir plus ou moins mais vers minuit je suis réveillé par le bâton qui vient de me tomber sur les jambes. Le vent a arraché la sardine du hauban principal et le mât s’est cassé la figure. Je me dis enfin que j’aurais intérêt à rapprocher la toile du sol en diminuant la hauteur du mât. Debout donc, et nouveaux réglages de la Cape dans le vent et sous les gouttes qui commencent à tomber. Avec une hauteur de 105 cm et des haubans replacés et retendus, la toile est collée au sol presque partout, cela va beaucoup mieux, et le vent ne passe plus en desssous. Plus de deux heures avant de penser à raccourcir le mât, ce n’est pas brillant… D’ailleurs même à ce moment-là je n’ai pas pensé que j’aurais dû réorienter l’abri pour que le vent n’arrive plus de travers, mais par l’arrière. En y réfléchissant le lendemain, je comprendrai qu’orienter l’ouverture de la tente vers l’est (ce qui permet de voir le lever du soleil, en plus), et donc l’arrière vers l’ouest (d’où vient le vent marin) serait doublement une bonne idée à l’avenir.

Enfin bref. Après quelques minutes d’efforts dans le vent, je réussis à fixer tout ça et replonge dans le duvet alors que les premières gouttes commencent à tomber. J’aime bien la pluie. Les gouttes sur la toile me bercent et je m’endors.

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