De Kerochet à Kerlaïc

Tour de Bretagne [Étape n°56]

Quelque part sur un des bras de l'Aven
Quelque part sur un des bras de l’Aven

J’ai dormi comme un loir, me réveillant simplement deux ou trois fois pour avoir le plaisir de me rendre compte que je dormais. Ce bivouac était vraiment parfait et j’ai du mal à le quitter mais une fois parti, je trace jusqu’à Pont-Aven où j’arrive en moins de deux heures.

Mon bon rythme ne m’empêche pas toutefois d’être rattrapé par un randonneur avec un énorme sac à dos tombant sur le bas du dos et deux sacs en plastique bringuebalant sur les côtés. Le visage rouge à éclater, il m’explique en haletant qu’il finit un tronçon de GR 34 débuté à Audierne, avec nuits en chambres d’hôtes, et s’excuse de continuer à fond de train, mais il a peur de manquer le bus à Pont-Aven.

Je l’y retrouverai un peu plus tard, ayant visiblement eu le temps de faire quelques courses puisqu’il est maintenant chargé aussi d’un sac en papier avec trois boîtes de Traou Mad en plus du reste. Nous aurons même quelques minutes pour discuter avant qu’il prenne son bus pour Quimper. Il est estomaqué par le volume de mon sac. « C’est vrai que j’ai tendance à toujours prendre trop de vêtements de rechange… »

Pont-Aven en juillet, c’est comme, sous d’autres cieux, les Baux-de-Provence ou Saint-Guilhem-du-Désert : des touristes, des magasins bobos, des touristes, des magasins bios, des touristes, des magasins de fringues… J’avais envisagé de faire un tour au musée, Gauguin oblige, mais faire la queue dans cette foule est au-dessus de mes forces. Je file, après avoir quand même profité des bienfaits de la civilisation pour acheter du pain et quelques autres denrées comestibles, et pour déguster dans une crêperie deux galettes complètes arrosées d’une bolée de cidre. On est en Bretagne, tout de même !

Neuf compères pas tristes
Neuf compères pas tristes !
Une demi-heure plus tard, je passe devant une dizaine de personnes attablées sur une pelouse et leur lance un « Bonjour, bon appétit » de circonstance. « Salut le sportif ! Un coup de rouge ? » m’est-il répondu. « Ah, ben… ma foi oui, c’est pas de refus ! » Et me voilà attablé avec 9 compères – rien que des hommes – qui attendent que la marée soit au plus haut, vers 16 heures, pour partir en mer. Un petit verre, deux petits verres, j’accepte vite le saucisson et le fromage proposés, pour aider ma tête à cesser de tourner, et heureusement que je n’étais pas à jeun lorsque je suis arrivé…

Très sympas, ces gars-là, tous retraités ou quasi, et intarissables sur leur passion, la remise à flot d’un bateau à voile nommé « La Belle Angèle ». Lorsque je me décide à repartir, il insistent à toutes forces pour que j’emporte une de leurs bouteilles de jaja… Mais, responsable jusqu’au bout du bout du sacrifice, je réussis à refuser pour cause de MULitude, ce qui est finalement compris, accepté et pardonné.

Il fait toujours très chaud mais, comme ce matin, le chemin reste sous le couvert des arbres, sur la rive gauche de l’Aven puis, après la Pointe de Penquen, sur la rive droite de la Rivière de Bélon. Le village de Bélon (ça s’écrit BÉlon – avec un accent aigu – mais ça se prononce BElon, le français est une drôle de langue), mondialement célèbre pour ses huîtres malgré les vicissitudes qui les ont atteintes, le village, disais-je, est séparé en deux par la rivière. A Bélon rive droite, les huîtreries. De l’autre côté de la rivière, à moins de 100 mètres, le port. En bateau, c’est l’affaire de cinq minutes. A pied, c’est plus de vingt kilomètres. J’y serai demain.

Le Moulin Edouard
Le Moulin Edouard, au fond de l’anse de Penmor
Plus loin, tout au fond de l’anse de Penmor, une fontaine, bien indiquée sur la carte, me fournit l’occasion de faire une lessive et une grande toilette sous les arbres et parmi les moustiques. Ouille. J’avais peu de temps auparavant déjà fait le plein d’eau au Moulin Édouard.

Un champ fera l’affaire pour le bivouac de ce soir. Tente montée, polycree par terre, sursac, et dedans le matelas et le duvet, tout cela est bouclé en un quart d’heure. Eh eh, je deviens un vrai pro !

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