Les 5 sens à Paris — L’odorat

Station-service

Les journées de printemps sentaient presque l’été depuis plusieurs semaines, mais hier le ciel s’est voilé. Il a plu dans la nuit, il fait froid ce matin. Froid et humide. On le ressent d’autant plus qu’on avait pris le pli de s’habiller léger. « En avril, ne te découvre pas d’un fil, en mai fais ce qu’il te plaît… » J’ai rallumé la chaudière. Lorsque les radiateurs se sont remis en route, l’appartement a retrouvé ses odeurs d’hiver : un peu de chaleur, un peu de moiteur, un peu de poussière.

Six heures du mat’. Dans la cuisine, petit déjeuner au son de la radio. Senteurs de thé, de beurre, de confiture. Tiens, les voisins se lèvent, il est temps de partir. Sur le palier, odeurs de café et de pain grillé. Poubelles vides sur le trottoir et, devant la station-service, humidité suave de l’essence dans une flaque irisée.

Il fait frisquet, vraiment. Je me hâte vers le métro. Au coin de la rue, le café vient d’ouvrir. Interdits de comptoir par le législateur, les fumeurs du matin occupent les terrasses. Premières bouffées, volutes odorantes, fumée et café-crème. Un peu plus loin, un appétissant mélange d’arômes comestibles filtre de la boulangerie par sa porte entrouverte : pain chaud, viennoiseries, farine et chocolat.

Après la pluie
Dans le métro, c’est un poème en nez majeur. Les odeurs entêtantes changent selon les jours : ozone ou after-shave, Javel ou Monsieur Propre, chaussettes ou muguet. Aujourd’hui, pas de doute, urine et pamplemousse.

Plus tard dans la journée. Il a encore plu. Le ciel tout à l’heure est devenu gris, puis noir. Une violente averse a nettoyé les façades et les trottoirs, tout a été lavé.

Paris après la pluie a un autre parfum. Pour quelque temps, on ne sent plus les gaz d’échappement. On retrouve l’odeur de l’herbe coupée dans les jardins publics. Sur les bords de la Seine, on peut presque humer la mer. Partout, l’air est plus propre, plus clair et plus léger. La nuit, l’humidité et la pureté de l’atmosphère rendent les sons plus clairs et intensifient le reflet des lumières sur le bitume.

16 commentaires


  • Bon voyage et bon trek!

    Mardi 11 octobre 2011
  • Bonjour Miriam. La pause est plus longue que prévu… Désolé et flatté que cela vous ennuie. Entre des deuils, le travail et les voyages, je n’ai pas guère eu la tête à écrire ces derniers mois. Je repars encore dans quelques jours, pas pour le travail cette fois-ci mais pour deux semaines de bushwalking en Australie, retour début novembre ! À bientôt.

    Lundi 10 octobre 2011
  • Décidément je ne connaîtrai pas la suite, dommage!!!!

    Mardi 30 août 2011
  • Blog en pause! blogueur en chemin?

    Lundi 13 juin 2011
    • Bonjour Miriam, blog en pause en effet… beaucoup de travail et quelques soucis personnels d’une part, et d’autre part une raison beaucoup plus agréable : je suis rentré hier de presque deux semaines au Viêt Nam dont une grande partie pour le plaisir. Reprise des articles d’ici peu j’espère. Amicalement.

      Lundi 13 juin 2011
  • lignes bleues

    fleur bleue Alain ? si délicieusement désuet : et voilà où nous conduisent les images et odeurs de parking, quelle capacité humaine à transfigurer ! a tracer des lignes de fuite en somme (:-))

    Vendredi 6 mai 2011
  • il y a des quartiers bénis aussi dans Paris, où on sent le chèvre-feuille et le lilas. Place Maubert, le matin, ça sent le camembert et la fourme d’Ambert, la charcuterie paysanne, et le bouquet de muguet, en passant, que j’offre à la dame de mon hôtel…

    Vendredi 6 mai 2011
  • Quelle symphonie ! On s’y croirait.

    Vendredi 6 mai 2011
    • Il paraît qu’il y a des « nez » qui travaillent pour la RATP à créer des odeurs dans le métro — et pas seulement les supprimer — qui soient adaptées à ce que l’idée que l’on s’en fait.

      Vendredi 6 mai 2011
  • lignes bleues

    les villes, comme les appartements ou les gens, ont une signature olfactive particulière

    • De quoi regretter de n’avoir que le médiocre odorat des humains

      Vendredi 6 mai 2011
  • Vous nous faites sentir le Jean-Baptiste Grenouille qui veille en nous.

  • Oui, ces remontées de mer
    en bord de fleuve.

  • j’attendais avec curiosité l’odorat! Le métro? quelle richesse, vous avez eu la bonne idée de choisir le matin.

    • Ah oui, pour le métro j’ai préféré faire soft.

      Jeudi 5 mai 2011

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