Du Bleymard au Pont-de-Montvert
- Publié le Mardi 11 mai 2010
- par Serval
- 3 commentaires
Sur le Chemin de Stevenson [4]
La nuit a été rythmée par les grondements du tonnerre qui n’ont cessé qu’à l’approche du matin et par le bruit de la pluie tombant à verse sur le sol et les toits environnants.Vers six heures toutefois, le ciel s’est calmé. Il n’est plus que gris lorsque je me mets en route pour atteindre ce soir Les Cévennes. C’est l’automne au mois de mai, un automne pluvieux, qui me suit jusqu’à la montée vers le Mont Lozère et le Pic de Finiels.
Les marques du GR70 sont très espacées, mais les montjoies me guident vers le sommet, comme elles ont guidé les bergers pendant des siècles le long de ces drailles dénudées qui grimpent sur les flancs du Mont Lozère. Une montée longue et progressive dans un décor de carte postale, une lente ascension vers l’hiver réfugié au sommet du Finiels.
En fait de pic, le Finiels est un plateau de quelques centaines de mètres de diamètre, qui semble habité par les milliers de blocs de pierre qui s’y trouvent. L’effort de l’ascension est récompensé par un spectacle magnifique, quelque soit le coin de l’horizon vers lequel on se tourne : Plomb du Cantal au nord, Aubrac à l’ouest, Mont Gerbier-de-Jonc à l’est, Aigoual et Cévennes au sud.S’il avait fait beau, j’aurais vu les Alpes, les Alpilles, la mer, qui sait ? Mais il ne fait pas beau. Il vente et il fait froid, il est grand temps de basculer enfin vers le sud et les Cévennes. Les premières centaines de mètres de la descente se font dans 30 centimètres de neige, qui disparaît heureusement au fur et à mesure que la pente s’accentue. Après la descente abrupte et glissante dans les mille ruisseaux que la fonte des neiges a fait naître, c’est le village de Finiels, c’est l’orée des Cévennes.
Quand je peux enfin relever la tête sans risquer de tomber, je m’aperçois que le ciel est bleu, à peine parsemé de quelques nuages blancs. Au cours de la même journée, trois saisons se sont succédées : après l’automne ce matin et l’hiver tout à l’heure, c’est maintenant le printemps.
Adieu – ou plus probablement au revoir – surpantalon et veste imperméables ! Me voici en chemise pour parcourir les derniers kilomètres dans des paysages magnifiques.
Les terres caillouteuses de la face sud du Mont Lozère deviennent joyeuses sous le soleil. A plus basse altitude, des champs vert vif apparaissent, parsemés de milliers de taches jaunes qui signent l’arrivée du printemps. Boutons d’or, ajoncs, genêts, pissenlits, jonquilles… comment se fait-il qu’en certains lieux et à certains moments, la nature décide ainsi d’une couleur dominante pour habiller ses paysages ?
Dans de telles conditions, la longue descente vers Le Pont-de-Montvert est un moment de pur bonheur. Le bourg lui-même est un joli village au bord du Tarn, avec un pont qui m’évoque, à une échelle réduite, celui de Mostar, en Bosnie, le Stari Most de triste mémoire et où j’étais il y a un an.Le Pont-de-Montvert, dont le passé est lui aussi marqué par la guerre et les massacres, est maintenant un bel endroit qui fleure bon le midi. L’air ce soir y est léger, et les oiseaux chantent.
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Étape du jour : Le Bleymard (Alt. 1 069 m) – Le Pont-de-Montvert (Alt. 875 m) – 18 km
Sommet franchi : Pic de Finiels (1 699 m)
Claire LEROY
supers articles et belles photos,j’ai pris plaisir à lire vos articles sur cette région.merci
Lignesbleues
un petit retour sur cette page là qui a un sens bien particulier pour moi. C’est elle qui a attiré mon intérêt vers votre blog. Quand je vois ces paysages, je sens l’odeur des genêts au printemps. Je suis née à Allenc, au pied du Mont Lozère, à deux pas du Bleymard… Bien loin de la Normandie tout cela. J’essaie d’y aller tous les étés, un rendez-vous manqué cependant l’été dernier, et cela me manque (tout particulièrement le lieu de pique- nique magique des sources du Tarn)
Dans un lieu d’attente ce soir j’ai essayé de me connecter avec mon portable, avec un succès très moyen (j’attends toujours les rubriques photos et livres) Je me demande les images ne sont pas un peu trop lourdes. Sur l’ ordinateur, ça marche, mais ce n’est pas très rapide.
PS je me demande si mes propos sur la religion ne vous ont pas un peu choqué ?
Serval
Ah, tout près du Bleymard en effet. Je comprends que le retour aux sources (du Tarn) vous manque, j’ai trouvé tout ce pays splendide, et je ne l’ai pourtant pas traversé dans les meilleures conditions climatiques, en tout cas jusqu’au Finiels.
Les photos arrivent ! Pas beaucoup de temps pour m’amuser avec les css ces jours-ci, deux jours à tourner en rond sans comprendre pourquoi ça ne marchait pas mais ça y est enfin, le problème est réglé. Je finirai ce week-end au plus tard la maquette et chargerai les premières photos ; il me reste à trouver le juste milieu entre la perte de définition et la lenteur de chargement. Pour la partie livres en revanche, ne soyez pas pressée, je n’ai pas encore trouvé une façon de les présenter qui me convienne, et si les photos sont faites, les notes de lectures ne sont pas écrites !
Et puis, pas d’inquiétude, il est assez difficile de me choquer en général, et en ce qui concerne les religions, je me situe, disons, entre Laplace et Camus.
Bonne soirée !