Dans la forêt

Traversée Nord-Sud, étape n°10 : Crécy-en-Ponthieu -> Abbeville (Lu 06/09/2010)
Vous pouvez aussi voir ici la liste de toutes les étapes de la Traversée Nord-Sud
.

Dans la forêt de Crécy

La grande forêt est lumineuse et tranquille. Il fait beau, il commence à faire chaud, mais il y a quelque chose dans l’air qui ne trompe pas ; une douce humidité, une odeur de terre qui devient plus forte, un rien d’ocre qui se glisse dans les verts. C’est presque imperceptible — mais presque seulement — l’été touche à sa fin.

Au pied des hêtres qui forment la futaie, hauts et droits comme des mâts de navire, le sentier ondule. Il passe entre les troncs élancés, longe les champs de fougères et les buissons de ronces, effleure une mare. Un églantier ça et là, de l’aubépine, d’autres arbustes que je ne sais reconnaître, et des champignons.

Champignons
Le feuillage des grands arbres filtre les rayons du soleil, laissant passer une lumière tamisée ou parfois, par touches, de clairs faisceaux translucides sous l’effet desquels la rosée du matin s’évapore. Elle s’élève en une légère brume au-dessus du sous-bois, faisant sourdre un parfum un peu lourd de terre, d’humus et de champignons.

Des oiseaux invisibles chantent dans les cimes. Leur musique accompagne le son de mes pas, s’interrompant parfois à mon approche pour reprendre bientôt, un peu plus en arrière. Au loin, le bruit intermittent d’une scie rappelle que des hommes sont là, qui entretiennent harmonieusement cette forêt. Ils ont réussi à lui conserver un aspect sauvage tout en la nettoyant et en l’aidant à prospérer. La forêt de Crécy est une belle forêt, vivante et habitée. J’ai l’illusion pourtant qu’elle n’appartient qu’à moi ce matin ; à moi, aux oiseaux, et aux écureuils qui se sauvent en m’entendant approcher, leur queue rousse dressée tandis qu’ils sautent sur le tronc le plus proche pour se réfugier dans les branches.

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Songs from the Wood
(Jethro Tull)

Saisi du coin de l’œil, un mouvement furtif sur ma droite : le chevreuil disparaît en un soupir lorsque je tourne la tête dans sa direction. J’ai bougé trop vite pour ne pas l’effaroucher mais trop lentement pour faire plus que l’apercevoir. Seules quelques feuilles frémissent encore à l’endroit où il se trouvait il y a un instant. Il est parti. Mais non, ce n’est qu’un leurre, c’est moi qui pars, moi qui ne fais que passer. Bientôt je serai loin, et lui continuera à se promener dans cette forêt qui est sienne.

8 commentaires


  • Merci ! J’ignorais cette acception du mot miroir, d’où ma confusion, augmentée je l’avoue par l’ambiguïté du mot fuite arrivant juste après les pantalons humides.

    Lundi 13 décembre 2010
  • Oh un simple retour d’ambiance. Votre billet m’a transporté en forêt au petit matin, la brume qui sourd des bruyères, les chants des oiseaux invisibles par-dessus, l’ombre d’un grand mammifère qui avance l’échine hors de la coupe sombre du bois, le pelage tressaille, précautionneusement et au moindre signe suspect, bondit dans les fourrés où le dernier éclair qu’il vous lance est celui de son miroir blanc quand il lève la queue et qui signale à tous le danger qui s’approche.
    Mais plutôt forêts des Landes, du Sud-Ouest.
    Les contrepèteries, je crois que je n’ai pas le gène.

    Lundi 13 décembre 2010
  • @quotiriens : je suis à peu près sûr que vos phrases ne sont pas des contrepèteries, c’est déjà ça. Sinon, ce sont surtout des lignes qui jaillissent de ma fuite en avant.
    (vous m’expliquerez ?)

    Lundi 13 décembre 2010
  • A vous lire, j’ai le bas des pantalons humides. Avez-vous vu le miroir jaillir de la fuite?

    Lundi 13 décembre 2010
  • Ah, mince! mais c’est ue révélation! sous un blog, se cache un autre blog… y en a-t-il encore beaucoup comme ça?

    Dimanche 12 décembre 2010
    • @alain L.: j’imagine que vous parlez de mon ancien blog sur LeMonde.fr. L’article explicatif se trouve ici et, rassurez-vous, ça ne va plus durer très longtemps.

      Dimanche 12 décembre 2010
  • Manger des russules serait une mauvaise idée, évitez ! Quant à la hêtraie, elle me manque déjà.
    (j’ai vu Google Fuji mais merci pour l’info)

    Samedi 11 décembre 2010
  • Lignesbleues

    une forêt verte, loin de celle où l’on déguste des sashimis de cerf noir (Quotiriens, pour nous mettre en appétit, a proposé un photomontage qu’il faut absolument aller voir, un festival fantastique de calques écrasés). Je ne sais pas s’il faut se risquer à consommer la fricassée de champignons ?
    Vous la regretterez, la hêtraie, lorsque vous arriverez plus au sud.

    Samedi 11 décembre 2010

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