Clear Waters Rising (Nicholas Crane)

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Nicholas Crane est écossais et géographe. Il est même depuis 2015 le Président de la Royal Geographic Society. Dans ce livre publié en 1996, il raconte ses 17 mois de marche, de mai 1992 à octobre 1993 (il avait alors 38-39 ans), entre le Cap Finisterre et Istanbul. Une traversée de l’Europe de l’ordre de 10.000 km faite en suivant la ligne de partage des eaux, d’où le titre. Une sacrée expédition en solitaire faite par quelqu’un qui avait déjà beaucoup baroudé autour du monde. Il faut dire que ses parents l’avaient fait tomber tout petit dans la potion magique de la grande randonnée et du bivouac en toutes saisons et par tous les temps (et en Écosse !).

Essentiellement de la montagne donc dans cette longue marche trans-européenne : Sierras espagnoles, Pyrénées, Cévennes, Alpes, Carpathes, Balkans. C’est à la fois un exploit physique et une sacrée marque de volonté. Le livre est passionnant à lire, érudit, il m’a souvent obligé à consulter le dictionnaire pour connaître la signification précise de mots tirés d’un vocabulaire riche, imagé et très descriptif. C’est aussi un bon condensé de l’humour et de l’autodérision britanniques. Il renferme en outre quelques trucs bien utiles pour le randonneur – léger ou non – Nicholas Crane porte en effet sur le dos, surtout en hiver, un sac d’une bonne quinzaine de kilos, mais il voyage bien sûr avec un matériel et des tissus qui sont ceux de l’époque.

Cet excellent livre n’a jamais été traduit en français. C’est un pur scandale.

Clear Waters Rising (Nicholas Crane)
« Ma seule extravagance vestimentaire fut une seconde paire de chaussettes. À Londres, un voyageur expert avait souligné que l’on pouvait gagner du poids en ne transportant qu’ une seule chaussette de rechange. Ainsi équipé d’un total de trois chaussettes, le professionnel les fait circuler selon le principe de la rotation des cultures. Chaque matin, la chaussette de droite de la veille est déplacée au pied gauche ; la chaussette gauche de la veille est mise hors circuit pour lavage et raccommodage éventuel ; et la chaussette en jachère de la veille, maintenant propre et sèche, est mise au pied droit.

C’est un système ingénieux, mais j’en anticipais deux désavantages : d’abord, la rotation diurne risquait d’être source d’embrouilles, et ensuite, le système avait l’inconvénient plus sérieux que le pied gauche serait en permanence enfermé dans une chaussette de deux jours. Changer le sens de rotation ne serait pas une option, puisque cela aurait pour seule conséquence de soumettre le pied droit aux mêmes standards insuffisants de confort et d’hygiène. J’arbitrais donc en décidant que les calories supplémentaires que je brûlerais en devant transporter deux chaussettes basses de rechange au lieu d’une seraient plus que compensées par le plaisir tiré d’un départ quotidien avec les deux pieds empaquetés dans du coton propre » (The translation is mine)
Nicholas Crane — Clear Waters Rising. A Mountain Walk Across Europe (Viking 1996, Penguin Books 1997)

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