De Kerlaëren à Kerochet

Tour de Bretagne [Étape n°55]

Bivouac au bord de l'Aven
Bivouac sur les bords de l’Aven

Première leçon : ne pas bivouaquer dans un champ de blé coupé, même en l’aplatissant de son mieux il y en a toujours un brin qui dépasse. Heureusement pas de dégât matériel, seule une de mes joues a décidé de rejouer Scarface. Deuxième leçon : un matelas gonflable NeoAir dans un sursac Millaris posé sur du polycree, ça glisse dès que la pente dépasse, hum, disons 0,01 degré. J’ai passé une bonne partie de la nuit à nager pour rester sous la toile.

Réveil définitif vers 7 heures, petit déjeuner rapide fait d’un muesli à l’eau froide, et à 8 heures, en route ! Grand ciel bleu dès le matin, et très vite voici la chaleur qui monte, qui monte… Il doit faire plus de 30 degrés à l’ombre mais sur le bord de mer il n’y a pas d’ombre. Les plages sont pleines de vacanciers occupés à bronzer, à jouer sur la plage et à se baigner sous un soleil de plomb. Avec ma tenue de randonneur, mes chaussures et mon sac, je détonne dans le tableau ; leur uniforme à eux c’est maillot de bain, avec ou sans T-shirt. Ils me regardent passer, je les regarde en passant. Deux mondes différents qui se côtoient…

Midi et quelques. Il fait terriblement chaud. J’ai bu régulièrement et me suis rafraîchi à des toilettes de plage où j’ai pu, à deux reprises, rincer mon T-shirt à grande eau puis avec délices le renfiler mouillé, tremper aussi mon buff, boire et refaire le plein de mes bouteilles. Pourtant je suis épuisé. Vers 16 heures, gros coup de pompe. J’avance à deux à l’heure et ai besoin d’une pause. À l’anse de Rospico, je m’arrête dans un café de plage pour boire un Coca (eau + sucre, voilà ce qu’il me faut). Je suis tellement à côté de mes pompes que, d’un faux mouvement, je réussis à faire tomber de la table la bouteille qui se casse en projetant des morceaux de verre qui m’entaillent le mollet. Cela n’est pas très profond mais cela saigne pas mal, et voilà deux jolies serveuses qui se précipitent pour me soigner et s’occuper de moi… Ben vous savez quoi ?… je me laisse faire, hein, stoïque et courageux. Elle est pas belle la vie ?

Un pansement plus tard et après moult effusions et remerciements, le double balafré (joue et mollet) repart. Finalement, cet épisode m’a requinqué et c’est plein d’ardeur que je m’engage sur la remontée de la rivière Aven. Vers 18 heures, après avoir laissé passer quelques sites de bivouac très convenables mais arrivant trop tôt, je tombe sur LE site ! Au bord de la rivière, en léger surplomb sur une pointe de terre entre deux bras de la ria, une surface bien plane, recouverte de ce qui doit être de la vase séchée et d’un peu d’herbe, juste à l’écart du chemin. Il est probable que cet endroit est sous l’eau lors des grandes marées, mais puisqu’on est en période de bas coefficient, pas de problème.

Je me sens déjà plus à l’aise pour monter la Gatewood Cape, ce qui est fait en quelques minutes. En ne tendant pas trop la toile au début, j’arrive à un résultat pas mal du tout.

Et maintenant, profitons de la tranquillité des lieux et de ce que le soleil soit encore là pour faire une vraie toilette. Mais… Ô dieux hospitaliers, qui vois-je ici paraître ? Une tique, nichée en un endroit de mon anatomie particulièrement privé. Après vérification approfondie, y compris à l’aide d’un miroir, j’en trouverai trois, probablement attrapées lors du bivouac d’hier (peut-être à cause des herbes mises sous le sursac ?) car je vois mal comment j’aurais pu les attraper aujourd’hui en marchant sur les plages. Le tire-tique a fait son office. Resquiescant In Pace ixodes.

Bon. Après toutes ces émotions, requinquons-nous avec de la grande cuisine (ce soir, saucisson-coquillettes). Ensuite, un peu de lecture et au dodo.

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