À pied, de Paris au Salento : Campanie


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J 111 – Mardi 8 juin 2021
Cassino -> Campozillone (km 2.557)


Première fois de ma vie que je croise un porc-épic !

En quittant Cassino ce matin, je suis entré dans une partie complètement nouvelle de ce périple. Je n’ai pas vu grand chose hier de l’Abbaye de Monte Cassino et la ville de Cassino n’est sans doute pas celle d’Italie où je choisirais de passer mes vacances mais ces endroits étaient un jalon sur ma route, repéré comme tel dès la préparation de cette « longue promenade ». Pour moi qui arrive du nord, Cassino n’est pas un verrou : c’est ma porte d’entrée en Italie du Sud. Je marche désormais en Campanie, la région de Naples et du Vésuve, d’Herculanum et de Pompei, où je serai dans quelques jours.

Je vais renouer avec ma « Via Perso », que je définis au jour le jour en m’aidant de ma trace prévisionnelle, ligne directrice dont je m’affranchis souvent. C’est fini, les grands chemins de pèlerinage du Nord et du centre de l’Italie. Via Francigena, Via di Francesco puis Cammino di Benedetto, tous ces chemins balisés ayant la bonne idée d’aller dans ma direction m’ont beaucoup simplifié la vie et m’ont en outre donné le plaisir de faire de sympathiques rencontres, mais c’est fini. À part peut-être quelques fractions de la Via Francigena del Sud et du Sentiero Italia, je n’aurai plus désormais de tracé pré-établi sur lequel m’appuyer, en dehors du mien.

D’ailleurs, dès ce matin, j’ai retrouvé le plaisir délicat de m’engager sur des sentiers bien nets sur la carte mais s’avérant en fait impraticables car non entretenus, parsemés de chablis et envahis par les ronces et les orties. Il est clair que le fait de marcher en short, comme c’est mon cas depuis quelques jours, n’aide ni à la célérité ni à la sérénité de la progression dans ces conditions !

Je me suis extirpé juste à temps de l’un de ces pièges végétaux lorsque, peu après midi, le tonnerre a commencé à gronder. J’étais donc sur une petite route de campagne au milieu de nulle part lorsque les vannes du ciel se sont ouvertes, par chance alors qu’elle passait sous une voie de chemin de fer. Ce pont bienvenu m’a servi d’abri pour laisser passer le plus fort de l’orage tout en mangeant un morceau mais c’est quand même sous une forte pluie que j’ai marché tout l’après-midi pour arroser dignement mon arrivée dans le sud. Ce n’était peut-être qu’un début, les prévisions météo pour les jours à venir ne sont pas optimistes.

J 112 – Mercredi 9 juin 2021
Campozillone -> Roccamonfina (km 2.573)


Les fougères, c’est tout doux !

Arrivé hier trempé comme une soupe à la chambre d’hôtes de Campozillone, je n’avais aucune envie de ressortir sous la pluie pour aller dîner, bien que mes hôtes Roberta et Andrea m’aient gentiment proposé de me servir de chauffeur jusqu’au restaurant. Un peu d’eau bouillante m’a suffi pour préparer une purée que j’ai agrémentée des sardines achetées la veille à Cassino. C’était bien roboratif et ça m’a changé de mon habituel mélange purée + saucisson. Quelques minutes plus tard, je dormais du sommeil du juste.

Neuf heures de sommeil ça fait du bien. Reparti tôt ce matin avec les provisions préparées par Roberta, j’ai une nouvelle fois dévié de mon trajet théorique en décidant de me diriger vers le sud et le volcan éteint Roccamonfina dont la forme caractéristique sur la carte, au nord-est de Sessa Aurunca, avait attiré mon attention il y a quelques jours et où se trouve un parc naturel. Les sentiers y étaient jolis, les paysages aussi. Je me suis juste perdu un bon moment dans la vaste caldeira dans laquelle le sentier avait disparu sous les fougères. Il y a bien longtemps – mais quand même un peu après que le volcan ait cessé son activité – lorsque petit garçon je pêchais à la bouteille, je regardais à travers la paroi de verre les goujons, ablettes et vairons tourner en rond à l’intérieur sans réussir à retrouver le trou dans le fond du culot en entonnoir par lequel ils étaient entrés. Je me suis souvenu de ces petits poissons pendant que je cherchais où pouvait bien se trouver le passage permettant de sortir de la prison de barbelés à l’intérieur de laquelle je m’étais engagé sans y prendre garde…

Les fougères c’est joli et ça ne pique pas, marcher en leur sein est très agréable. En revanche, ce sont des nids à tiques, c’est pourquoi je me suis inspecté ce soir sous toutes les coutures. J’en ai effectivement trouvé deux petites, réfugiées en des endroits bien chauds de mon anatomie. Deux seulement, sans doute parce qu’on est encore tôt dans la saison. Petites, parce qu’elles qu’elles n’avaient pas encore eu le temps de bien déjeuner avant que ma pince à épiler ne les envoie au paradis des ixodes.

Mon arrivée au village de Roccamonfina un peu avant treize heures a été salué par vingt et un coups de canon… euh non, de tonnerre. J’étais arrivé juste à temps pour ne pas reproduire mon expérience humide de la veille. Dans l’après-midi, j’ai regardé depuis la fenêtre de ma chambre les énormes gouttes de pluie et des grêlons d’un centimètre de diamètre tomber sur le sol d’une terrasse dont je ne profiterai pas. Il y a des jours où l’on se dit que c’est vraiment bon d’être sous un toit.

J 113 – Jeudi 10 juin 2021
Roccamonfina -> Sparanise (km 2.601)


En Campanie.

Je ne sais plus quel randonneur au long court a écrit que, lorsque l’on marche ainsi pendant plusieurs semaines, il arrive que l’on ait l’impression en se réveillant de ne plus se livrer à une activité désirée et choisie mais de devoir se lever pour accomplir une corvée… Aujourd’hui, c’était un peu ça. Je n’avais aucune envie de me lever pour « aller au boulot » de la marche, mais il fallait bien que j’y aille quand même. Bon, je me suis levé, débarbouillé, habillé, j’ai refait mon sac à dos, j’ai vérifié que je n’avais rien oublié, toute cette routine matinale qui ne me prend plus désormais qu’une demi-heure, et j’ai suivi mon bâton sur le chemin permettant de sortir de la caldeira au milieu de laquelle la petite ville de Roccamonfina est construite.

Et puis, au fil de la matinée, le plaisir de la promenade est revenu. Le plaisir de marcher les yeux grands ouverts en regardant tous ces châtaigners dont le tronc avait été coupé à deux ou trois mètres du sol (si quelqu’un sait la raison pour laquelle ces arbres ont été aussi systématiquement étêtés, ça m’intéresserait de le savoir…), cette terre volcanique des sentiers, beige ou brune ou noire ou presque violette et, plus bas, une fois arrivé dans la plaine, ces milliers (millions ?) d’arbres fruitiers s’étendant à perte de vue dans toutes les directions, comme c’est sans doute le cas depuis des milliers d’années puisqu’à l’époque d’Hannibal, la plaine de Campanie était déjà le plus riche jardin fruitier et potager du territoire romain.

La différence avec aujourd’hui, c’est qu’il n’y avait pas alors de pollution. Les petites routes sur lesquelles j’ai marché cet après-midi s’allongeaient rectilignes entre les vergers. Cerisiers, pêchers, pruniers, vignes, mandariniers, figuiers parfois… cela aurait pu être magnifique sans la pollution terrible dans laquelle on se trouve immergé. L’odeur des engrais, des pesticides ou de je ne sais quoi est omniprésente, et plusieurs des paysans croisés sur leur tracteur avaient d’ailleurs une sorte de masque à gaz sur le visage. Et sur les bas-côtés, aucun mètre n’était indemne de déchets : cartons, bouteilles en verre ou en plastique, paquets de cigarettes, sacs plastiques, vieux vêtements, souliers, etc. J’ai supposé que c’était pour faire disparaître ces immondices qu’en de nombreux endroits les bords de route semblaient avoir été passés au lance-flammes, incendiés sur plusieurs mètres, ce qui ajoutait encore de la laideur et une odeur de brûlé au paysage ambiant. Quelle tristesse que les hommes aient ainsi transformé un jardin d’Eden en dépotoir puant.

J 114 – Vendredi 11 juin 2021
Sparanise -> Santa Maria Capua Vetere (km 2.624)


L’amphithéatre romain de l’antique Capoue.

J’ai repris ma route rectiligne entre les vergers et les serres sur ce qui serait apparemment l’une des branches de la Via Francigena del Sud – ce que la carte OpenStreetMap confirme. Mon hôte Marcello me disait hier soir au dîner qu’il était dépité qu’il n’existe aucun balisage pour signaler ce chemin officiel et, parlant aussi de l’état des routes et de la gestion des déchets, il s’est lancé dans une longue diatribe contre les politiques et les administratifs dont je n’ai pas tout compris si ce n’est qu’il pensait que l’argent allait bien quelque part.

Je savais que mon désir de faire passer mon chemin par le Vésuve, Herculaneum et Pompei m’obligerait à traverser ce qui est probablement la région la plus polluée d’Italie. Pas de surprise donc, et je pense qu’après coup je me dirai que cette partie déplaisante du voyage n’aura duré que quelques journées finalement instructives. Ce qui m’a beaucoup frappé, c’est que les fruits qui poussent sur les arbres de cette zone couverte de déchets, qui pue, et où j’hésiterais à m’allonger par terre et à bivouaquer semblaient tous sans défaut, gros, juteux et appétissants. On ferait difficilement meilleure promotion pour le bio…

Cela ne m’a pas incité à traîner sur le parcours, et je suis assez rapidement arrivé à la ville de Capoue puis, cinq kilomètres plus loin, à Santa Maria Capua Vetere… c’est à dire également à Capoue. Et maintenant, voici notre minute historique : Capua, la Capoue antique, étrusque puis romaine, a été détruite par les Vandales et les Sarrasins au neuvième siècle après J.-C. Une ville fut alors reconstruite sur le site de Casilinum, son ancien port fluvial, auquel on redonna le nom de Capua. Mais un ou deux siècles plus tard, une nouvelle ville se développa sur le site même de l’ancienne Capua, ville qui porte maintenant ce nom de Santa Maria Capua Vetere (vetere = vieux). C’est donc là, et non à Capoue, que l’on peut visiter les vestiges étrusques et romains… de Capoue, ce à quoi j’ai consacré la fin de l’après-midi, l’orage qui grondait au-dessus de nos têtes ayant eu l’excellente idée de ne pas éclater.

J 115 – Samedi 12 juin 2021
Santa Maria Capua Vetere -> Naples (km 2.659)


Ah, les jolis petits chemins de campagne de Campanie…

Lorsque l’idée de ce périple a pris forme, j’ai rapidement décidé que je contournerais Rome et Naples pour éviter le désagrément de traverser leurs vastes agglomérations. Pour Rome, ce fut facile, en passant par la Via di Francesco puis le Cammino di San Benedetto. Pour Naples, la difficulté résidait dans le fait que je voulais gravir le Vésuve et visiter Herculanum et Pompei. J’avais donc prévu de traverser le nord de la Campanie à bonne distance de Naples avant de bifurquer vers le sud, droit sur le Vésuve, et de redescendre de l’autre côté vers Ercolano.

Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, n’est-ce pas ? La pollution invraisemblable traversée ces derniers jours m’a fait changer mon fusil d’épaule : au lieu de continuer à marcher pendant plusieurs jours parmi les immondices, j’ai décidé hier soir de rejoindre directement Naples et de passer une journée de repos et de tourisme dans cette ville que je ne connais pas encore. C’était ma foi une excellente idée, malgré la longueur de l’étape que je me suis ainsi imposée depuis Santa Maria Capua Vetere (un peu plus de 35 km).

J’ai d’abord marché, quasiment en ligne droite, sur une petite route entre les champs et les zones industrielles sur laquelle j’ai été en bonne compagnie : les immondices des bas-côtés ne décourageaient pas les nombreux joggers, cyclistes et, plus étonnamment, marcheurs en tenue fluo, qui entretenaient leur forme physique en ce samedi matin.

Entre les viaducs de béton et les lignes à haute tension, j’ai soudain eu la surprise d’entendre le son d’un biniou ! Un biniou en Campanie ? Eh bien oui. Ou plus exactement une ‘zambognia’, une sorte de cornemuse, qu’Angelo entretenait sous le regard attentif de son ami Gaetano. Angelo a démonté pour moi chaque partie de l’instrument (le sac en cuir, les quatre tuyaux en bambou), les a remontés et a joué de petits morceaux qui ressemblaient fort à ce qu’on peut entendre en Bretagne… « È stato un piacere », vraiment !

Arrivant à Frattaminore vers dix heures du matin avec déjà plus de quinze kilomètres au compteur, il était largement l’heure de ma ‘collazione’. Je me suis donc arrêté dans une caffeteria, sans savoir que j’entrais ainsi chez une vedette, car Francesco Costanzo figure dans le Guiness Book des records pour avoir préparé 703 cafés en 60 minutes (la preuve dans cette vidéo https://youtu.be/YVMPm4Eyyy4). Lui et son ami Domenico « Mimmo » Merenda ont été très intéressés par mon aventure, et Mimmo a même tenu à m’offrir mon petit déjeuner.

Ce soir je suis à Napoli et j’en ai plein les pattes, mais ‘sono a posto’. J’ai excellemment dîné d’alici fritti (friture d’anchois) et de spaghettini ai peperoncini e vongole (poivrons doux et palourdes) avant de retourner dans ma chambre pour accomplir mon devoir d’écriture… et dormir ! Demain, pour 24 heures, c’est les vacances !

J 116 – Dimanche 13 juin 2021
Naples (pause)


Le Castel Nuovo de Naples.

J’ai un (tout petit) peu honte de ne pas avoir passé la journée à visiter le plus possible une ville aussi particulière que Naples mais j’étais très fatigué et avais besoin de recharger mes batteries. Du coup, j’ai passé la majeure partie de la journée à réviser une des expressions les plus utiles que le français ait empruntées à l’italien : « far niente ».

En dehors des précieux moments passés au lit – ce matin à y traînasser jusqu’à neuf heures puis cet après-midi pendant trois bonnes heures de sieste – ou les pieds sous une table – petit déjeuner avec des viennoiseries et une « sfogliatella », pizzeria ce midi, excellent restaurant de produits de la mer ce soir – j’ai donc eu tout juste le temps de me promener deux heures dans les petites rues en pente des quartiers espagnols et autour de la Place du Plébiscite. En somme… il faudra que je revienne.

J 117 – Lundi 14 juin 2021
Naples -> Ercolano (km 2.674)


À Herculaneum.

Ce fut aujourd’hui une marche citadine à travers Naples et plusieurs villes de sa banlieue est. Pour l’habitué des promenades parisiennes que je suis, cela avait à la fois un goût de déjà-vu et celui d’une totale nouveauté tant les différences sont grandes entre les tons beige et gris de la ville où j’habite et les ocres, jaunes et roses des bâtiments d’ici, tant les déchets font ici partie du paysage – je commence presque à ne plus les voir – et tant l’ambiance compassée de Paris est différente des mille bruits, rires et cris qui peuplent cette ville du sud.

J’ai beaucoup modifié mon parcours pendant cette « longue promenade » mais pendant les jours qui viennent je vais visiter trois lieux dans lesquels il n’était pas question que je ne passe pas : le Vésuve, Herculaneum et Pompei. Comme, lorsque l’on marche, c’est toujours la géographie qui commande, c’est Ercolano que j’ai d’abord rejoint, là où se trouvent les fouilles d’Herculaneum, l’autre ville – avec la plus célèbre Pompei – ensevelie sous l’éruption du Vésuve qui eut lieu en 79 après J.-C.

La surface de la zone de fouilles n’est pas très vaste (à peine plus d’un hectare à mon avis) car la plus grande partie de la ville antique se trouve sous la ville actuelle mais la conservation de ce qu’on en voit est très impressionnante, avec des immeubles hauts parfois de deux ou trois étages et une organisation des maisons et des rues parfaitement reconnaissable. Les ouvriers étaient nombreux qui travaillaient dans des parties non ouvertes au public mais néanmoins visibles. J’ai égoïstement apprécié le faible nombre de visiteurs : il n’y avait aucune queue pour acheter les billets et j’ai même pu, sans gêner personne, avoir une longue discussion à la sortie avec Giovanna, originaire de Syracuse, à qui j’avais confié mon sac à dos pendant la visite et qui parlait remarquablement bien français. Les touristes reviennent doucement, l’espoir d’une véritable sortie de la crise sanitaire est dans tous les esprits.

J 118 – Mardi 15 juin 2021
Ercolano -> Boscotrecase (km 2.685)


Prière du matin dans l’Église Santa Teresa del Popolo, à Torre del Greco.

Après une bonne nuit à Ercolano, je suis parti vers l’est, longeant le bord de mer à quelques dizaines de mètres d’altitude et de distance, sur les trottoirs du ‘Corso Resina’. Resina, c’est ainsi que la ville reconstruite bien plus tard sur les ruines d’Herculaneum s’appelait jusqu’à ce qu’elle soit rebaptisée Ercolano il y a un demi-siècle. Même à cette heure précoce, il y avait un peu de monde dans la rue et dans les boutiques. On se lève tôt, dans les pays de soleil, et depuis quelques jours la chaleur et le soleil sont bien là. J’ai du mal à croire qu’il y a moins de deux semaines je marchais tous les jours au moins un peu sous la pluie. Il a suffi de quelques jours et de quelques dizaines de kilomètres pour que je me sente désormais sans conteste dans le Sud.

À Torre del Greco, dans l’église Santa Teresa del Popolo, une douzaine de personnes réparties dans les travées, seules ou à deux, priaient toutes ensemble à voix haute. Il était huit heures et demie, il n’y avait pas de prêtre. Devant le bâtiment, quelques voitures étaient garées, avec lesquelles les fidèles sont repartis les uns après les autres une fois leur prière terminée. À l’intérieur, près de l’entrée, à côté du flacon de gel hydro-alcoolique, il y avait deux « caddies », ces paniers de courses à roulettes, laissés là pour le temps de la prière, que leurs propriétaires ont récupérés en ressortant pour aller faire leurs courses. Pour eux (elles surtout, mais pas que), le passage matinal à l’église fait apparemment partie de la vie de tous les jours.

Obliquant un peu vers le nord-est, j’ai commencé à remonter sur les flancs du volcan. Pierres volcaniques sombres, sable noir où l’on glisse un peu et qui s’infiltre dans les chaussures, plantes rases, genêts et oliviers. À ma gauche, le volcan, à ma droite le golfe de Naples et la péninsule amalfitaine. C’était très beau. L’étape d’aujourd’hui était courte, une marche d’approche pour arriver au pied du volcan dont je compte demain rejoindre le ‘Gran Cono’ et les bords du cratère.

J 119 – Mercredi 16 juin 2021
Boscotrecase -> Vesuvio -> Boscotrecase (km 2.702)


Montée vers le « Gran Cono » et le cratère.

Pour atteindre à pied le sommet du Vésuve, je n’avais aucune envie de suivre la route goudronnée empruntée par les automobiles et les autobus depuis Ercolano ou Torre del Greco. En épluchant la carte, j’ai trouvé un autre chemin : une petite route partant de Boscotrecase monte jusqu’à un hôtel situé à 400 mètres d’altitude et se poursuit ensuite par un chemin jusqu’au sommet. C’est dans cet hôtel que j’ai passé la nuit et dont je suis reparti ce matin vers le Gran Cono.

Ce que j’ignorais c’est qu’après le premier virage, la route était interdite à tous y compris aux piétons et barrée par un portail qui n’est pas de ceux qu’on peut escalader… d’autant qu’elle traverse ensuite les quartiers de la Guardia Forestale. L’avantage de cet obstacle inattendu c’est qu’une fois contourné il m’a permis de marcher jusqu’au sommet sur un chemin, puis sur un sentier, absolument déserts mais effectivement en très mauvais état par endroits avec des trous et des éboulements nécessitant donc de rester attentif.

Au fil de la montée, la vue sur la baie de Naples et les villes qui la bordent et, de l’autre côté, sur la péninsule amalfitaine et Capri se modifiait progressivement pour aboutir à ce qu’on peut voir du hublot d’un avion… même en montagne, il n’est pas si fréquent de regarder la mer et l’horizon lointain depuis une hauteur de 1.200 mètres. Le cratère lui-même, but ultime de l’ascension, est certes impressionnant dans le genre diabolique mais je lui ai de beaucoup préféré les paysages observés au cours de la montée, puis de la redescente.

Flop la Girafe était ravie et s’est laissée photographier sur toutes les coutures. Je crois bien qu’elle m’a même chuchoté pendant la descente que j’étais son « mulet préféré » mais il faisait chaud, j’étais en sueur, fatigué et concentré sur les trous du chemin… peut-être ai-je mal entendu.

J 120 – Jeudi 17 juin 2021
Boscotrecase -> Pompei (km 2.712)


À Pompei.

Herculaneum, le Vésuve et aujourd’hui Pompei. J’ai fait aujourd’hui la dernière des trois étapes « purement touristiques » que j’avais intégrées dans mon parcours. Le trajet de ce matin jusqu’au site des fouilles ne faisait qu’une dizaine de kilomètres mais j’aurais pu sans tricher en rajouter au moins autant à mon décompte quotidien en y incluant les quatre heures de ma visite de ce site gigantesque (environ 60 hectares !).

Tout a été dit, écrit, montré sur Pompei, il est inutile que j’y ajoute quoi que ce soit. Le drame qui s’est produit il y a presque deux mille ans a enfoui sous les ponces et les cendres une ville entière. Grâce aux fouilles qui l’ont fait réapparaître, on peut aujourd’hui en parcourir les rues et les places, arpenter son forum, on peut entrer dans beaucoup de ses maisons qui vont, selon les quartiers, des simples maisons plébéiennes aux grandes villas luxueuses de patriciens aisés.

Je n’ai pas tout vu, bien sûr, il y faudrait plusieurs jours. Mais, outre les bâtiments eux-mêmes, outre les murs et les colonnes, j’ai découvert, au fil des maisons dans lesquelles je suis entré, des fresques sur les murs, des mosaïques, des statues et dans le musée des centaines d’objets illustrant la vie quotidienne des Romains du 1er siècle après J.-C. Et encore plus émouvant, les habitants eux-mêmes avec le moulage du corps allongé d’une femme victime de l’éruption.

J 121 – Vendredi 18 juin 2021
Pompei -> Nocera Superiore (km 2.737)


Randonner en Italie du sud en 2021 : soit on marche ici…

Sur le papier, enfin, sur l’écran du smartphone, c’était parfait : j’allais dormir ce soir sur les hauteurs de la péninsule amalfitaine et je redescendrais demain de l’autre côté en direction de Vietri sul Mare et de Salerne. Il serait quand même dommage d’être venu jusqu’ici pour ne pas profiter des panoramas de la côte amalfitaine qui ont la réputation d’être magnifiques.

Après une dizaine de kilomètres de marche à travers Pompei, Sant’Antonio Abate et Angri, je suis arrivé à Sant’Egidio del Monte Albino d’où partait le sentier repéré sur la carte. Au début, tout s’est passé sans difficulté, les premiers 300 mètres de dénivelé se faisant sur une petite route, puis sur un chemin, puis sur un sentier, de plus en plus raides mais praticables.

Ronces
…soit on essaie de marcher là.
La suite est facile à deviner : le sentier praticable est devenu un sentier *très* pentu (c’était prévu) et surtout… non entretenu. Pourquoi donc, lorsqu’un sentier cesse d’être nettoyé, les plantes qui l’envahissent sont-elles surtout des ronces et des orties ? (dans le cas présent, on ajoutera « et des acacias ? »).

J’ai rezippé les jambes de mon short/pantalon, rabaissé mes manches de chemise et en avant, en mode bâton = machette. Je n’exagère rien : en deux heures, j’avais avancé de moins d’un kilomètre (sur trois à franchir au total avant d’atteindre une route) et grimpé de cent cinquante mètres supplémentaires. Le garçon est certes têtu mais est venu un moment où il n’y avait vraiment plus aucun sentier à suivre, plus aucun repère, plus rien qu’une pente abrupte couverte d’épines.

Dans ces cas-là, on s’arrête, on s’assied (en l’occurrence, pas possible de s’asseoir), on se calme et on réfléchit. Un coup de fil à mon hôte putatif de ce soir a confirmé que les sentiers de ce versant nord de la péninsule n’étaient pas « puliti » (nettoyés), et que d’ailleurs celui que je comptais prendre demain pour redescendre depuis chez lui ne l’était pas davantage. Grazie Antonio, je suis désolé mais je vais devoir annuler ma nuit chez vous…

Demi-tour, et retour à Sant’Egidio, plus de quatre heures après en être parti – de l’intérêt de partir tôt. Arrivé vers dix-sept heures à Nocera Superiore, l’hôtel que j’avais désormais comme objectif avait portes closes. Affalé sur un banc devant la porte de l’église, un homme en T-shirt m’a annoncé tranquillement que l’hôtel était fermé depuis deux ans mais que « si vous cherchez un endroit où dormir, on va vous trouver ça. Suivez-moi ». J’ai suivi. Il est allé frapper à une porte : « Rino, trouve-moi Rosario, il faut loger ce Monsieur ». « Si, Padre ». Le type en T-shirt sur son banc, c’était le curé de la paroisse ! Quelques minutes plus tard, j’étais installé dans l’appartement que Rosario ne loue plus en B&B à cause de la covid… mais « pour un pèlerin français, on va faire une exception. C’est un cadeau, hein » m’a dit Rosario. « Et si un jour, à Paris, un Napolitain a besoin d’aide pour se loger, j’espère qu’il la trouvera aussi », a ajouté Rino avec un grand sourire.

J 122 – Samedi 19 juin 2021
Nocera Superiore -> Salerne (km 2.753)


Arrivée à Salerne.

Hier soir, pendant que nous attendions ensemble Rosario parti chercher les clefs de son appartement, son ami Rino m’a expliqué qu’il était lui-même adepte de randonnées à la journée, mais que depuis la pandémie covid-19 il ne pouvait plus en faire car les sentiers de la péninsule n’étaient plus du tout entretenus – en dehors de quelques « vedettes » touristiques isolées comme le Sentiero degli Dei.

J’ai pu constater à l’usage qu’en Italie, à la notable exception du travail du Club Alpino Italiano (CAI) et des chemins officiels de pèlerinage, il n’y avait guère de politique en faveur de la randonnée. Les chemins y sont souvent mal ou pas du tout entretenus et la qualité de son Geoportale Nazionale (l’équivalent du Geoportail de l’Institut Géographique National) laisse franchement à désirer avec des cartes médiocres, peu détaillées et pas forcément à jour.

Cela explique les difficultés récurrentes auxquelles j’ai été confronté (et encore plus en 2021, après un an de covid, qu’en 2020) : soit je cherche à marcher sur les chemins et les sentiers visibles sur les cartes OpenStreetMap et dois alors très souvent batailler contre des épines et des chablis, et parfois rebrousser chemin, soit je reste sur l’asphalte et suis régulièrement côtoyé de trop près par des conducteurs pressés.

Ce matin, alors que je marchais encore une fois sur le bas-côté d’une route en étant régulièrement frôlé par des automobiles, ce qui couvait dans mon esprit depuis plusieurs jours m’est soudain apparu comme une évidence : je ne prenais plus de plaisir à marcher ainsi… et rien ne m’obligeait à continuer. Le nom que j’avais donné dès l’origine à cette marche au long cours était donc inexact. Elle aurait en fait dû s’appeler « A pied de Paris à Salerne » car c’est dans cette ville que je vais m’arrêter.

Je me rends compte que ma fatigue physique accentue vraisemblablement un ras-le-bol psychologique classique chez tous les marcheurs au long cours mais je ne suis pas parti pour réaliser une performance. Mon objectif a toujours été de faire une agréable « longue promenade ». Puisque cela n’est plus le cas et que cela a peu de chances de le redevenir en Calabre étant donné les informations que j’ai pu collecter sur l’absence d’entretien des chemins dans tout le sud de l’Italie, je vais passer à autre chose. Mon amour-propre risque d’en prendre un coup… mais il s’en remettra. J’espère surtout que les personnes qui me faisaient l’amitié de lire mes billets quotidiens ne m’en tiendront pas trop rigueur. Portez-vous bien et prenez soin de vous.

Interlude…


J’en suis là…

Lorsqu’à Salerne je me suis rendu compte qu’à moins de ne marcher que sur les routes il me serait impossible de traverser la Calabre pour rejoindre la Sicile et Syracuse, la seule solution qui m’est venue à l’esprit a été de m’arrêter à l’endroit où j’étais arrivé.

Au cours des mois précédents, je n’avais pourtant pas hésité à modifier le parcours de mon périple à chaque fois que cela m’avait semblé souhaitable, mais le nom « À pied de Paris à Syracuse » était si bien implanté dans mon cerveau que je n’ai pas pensé que rien ne m’empêchait de changer d’objectif…

Il m’a fallu un peu de temps pour me rappeler que « c’est le chemin qui compte, pas la destination » et trouver ainsi le moyen de remédier à la frustration causée par cet arrêt prématuré : je vais reprendre mon chemin là où je l’ai interrompu, avec désormais en point de mire la péninsule du Salento, le « talon de la botte » italienne.

Je vais donc repartir dans quelques jours. Depuis Salerne, je compte rejoindre les Vie Francigene del Sud en quelques journées de marche vers le nord-est. Elles ne sont certainement pas aussi bien balisées que les chemins de pèlerinage du Nord de l’Italie mais elles devraient quand même être à peu près praticables et me permettre d’avancer. Je compte découvrir ainsi Matera, Brindisi, et finalement si tout va bien Santa Maria di Leuca, en traversant la Basilicate et les Pouilles, jusqu’à la mer ionienne. Ma « longue promenade » continue.

J 123 – Vendredi 9 juillet 2021
Salerne -> Montecorvino Rovella (km 2.778)


Je laisse derrière moi Salerne et la péninsule amalfitaine…

Quitter une grande ville nécessite toujours une bonne dose de flegme et de patience. La sortie de Salerne n’a pas fait exception à la règle mais la longue pause que je viens de faire m’a apparemment pourvu, au moins pour un temps, de ces deux qualités puisque c’est tout tranquillement et avec même un certain plaisir que j’ai parcouru ce matin une douzaine de kilomètres de trottoirs (ou d’absence de trottoirs), d’abord sur le Lungomare di Salerno puis sur des routes à la circulation non négligeable qui traversaient des friches et des zones industrielles.

Une fois de l’autre côté de l’Autostrada del Mediterraneo, après la petite ville de Pontecagnano, je me suis rendu compte que j’étais sorti de l’immense conurbation dans laquelle j’avais pénétré… à Capoue, huit étapes plus tôt. Par des chemins, des petites routes et quelques sentiers, j’ai commencé à m’élever au-dessus de la plaine, au milieu des oliviers, des pins et des cigales, tandis que la température, elle aussi, grimpait allègrement pour dépasser les 35?C (la présence de nombreuses fontaines a été très appréciée).

Je me suis arrêté pour déjeuner à Montecorvino Pugliano. Alors que je venais de passer ma commande, je me suis entendu demander depuis la table voisine « vous êtes Français ? » (le genre de question qui incite à rester modeste quand on vient de dire deux phrases dans une autre langue). C’était Hamid, originaire de Casablanca, qui prenait un verre avec ses amis Gerardo et Jawad. Hamid a dû rapidement nous quitter mais j’ai discuté avec les deux autres pendant un bon bout de temps.

L’étranger de passage que je suis a encore eu l’occasion de constater la générosité naturelle des habitants de la région : Jawad m’a prévenu a posteriori qu’il avait réglé la note de mon repas, et Gerardo m’a recommandé par téléphone à son ami Mario, lequel m’a accueilli très cordialement cet après-midi à la réception de l’hôtel dans lequel il travaille et où j’avais réservé une chambre. De très agréables attentions qui, ici, semblent presque aller de soi… et qui sont sacrément dépaysantes pour un Parisien.

J 124 – Samedi 10 juillet 2021
Montecorvino Rovella -> Piano del Gaudo (km 2.806)


Montecorvino Rovella – Santuario Santa Madonna Maria dell’Eterno

Quel plaisir de marcher à nouveau sur de bons chemins ! Cela a été le cas dès la sortie de Montecorvino Rovella, sur celui menant au Santuario Santa Madonna Maria dell’Eterno qui domine la ville. Je suis arrivé devant l’église au moment précis où elle sonnait l’angélus, assez fort pour qu’il soit entendu dans les vallées des alentours, et en suis reparti en continuant de l’autre côté par son second accès. C’est un chemin destiné aux fidèles et entretenu par eux, ce qui explique sans doute qu’il soit aussi parfaitement dégagé.

J’ai ensuite marché toute la journée sur des chemins de montagne et sur de toutes petites routes désertes, ce qui m’a permis de bien avancer et de gravir près de 1.500 mètres de dénivelé, par une chaleur rendue plus supportable par l’altitude et sans rien de notable à signaler. Je suis arrivé vers dix-sept heures à l’abri forestier repéré hier sur la carte au sommet de la montagne, au Piano del Gaudo, mais il était fermé et monter ma tente à proximité ne m’a pas paru raisonnable car il se trouvait au milieu d’un océan de vaches. J’aime bien les vaches… mais pas de trop près au bivouac, un peu à cause du bruit de leurs clarines et beaucoup par crainte que l’une d’elles ne se prenne les sabots dans un hauban de tente.

J’ai donc préféré faire le plein d’eau à la fontaine et me mettre à la recherche d’un coin plus tranquille pour bivouaquer. Bien m’en a pris puisque cela m’a fait passer devant le barbecue d’une famille napolitaine – pratiquement les seules personnes rencontrées aujourd’hui – qui m’a invité à partager son dîner champêtre du samedi soir. Steack, saucisses et aubergines grillées au menu, c’était nettement mieux que de mon habituelle purée. Sur ce large plateau, j’ai ensuite facilement trouvé un endroit plat pour planter la tente.

J 125 – Dimanche 11 juillet 2021
Piano del Gaudo -> Castelnuovo di Conza (km 2.829)


Bivouac non loin des vaches…

J’étais tout content hier soir du bon bivouac trouvé à plusieurs centaines de mètres du troupeau de vaches qui cernait le refuge mais j’avais péché par optimisme. Plusieurs éclaireuses bovines sont en effet arrivées jusqu’à moi, trouvant sans doute que le coin d’herbe tendre que j’avais choisi pour planter ma tente était bien trop confortable et savoureux pour être laissé au seul bénéfice d’un humain qui n’était même pas d’ici.

C’est évidemment lorsque j’ai été bien installé et sur le point de m’endormir que des clarines toutes proches m’ont alerté, et un coup d’oeil à l’extérieur m’a confirmé que j’avais de la compagnie : une demi-douzaine de belles dames blanches, visiblement désireuses de sympathiser, broutaient tranquillement à quelques mètres et se rapprochaient peu à peu. Après être sorti de la tente et les avoir fait partir un peu plus loin, j’ai disposé quelques branchages autour de l’abri pour les tenir à distance de mes haubans. Une fois équipé de mes bouchons d’oreilles, j’ai alors enfin pu me laisser glisser dans le sommeil malgré le son de leurs cloches… et j’ai très bien dormi.

Levé aux aurores, je suis reparti ce matin de l’autre côté de la montagne pour une matinée un peu en miroir de la journée d’hier car tout en descente sur de bons chemins jusqu’au village de Calabritto (Calabritto, à défaut de Calabre…). Le croirait-on ? La température à midi y était sacrément plus élevée que mille mètres plus haut ce matin. C’est donc sous le cagnard qu’il m’a fallu ensuite parcourir la dizaine de kilomètres et gravir les quelques centaines de mètres qui m’ont permis d’atteindre en milieu d’après-midi Castelnuovo di Conza et une douche fraîche.

J 126 – Lundi 12 juillet 2021
Castelnuovo di Conza -> Caliti (km 2.8251)


Calitri.

Je dois avouer à mes amis italiens que je n’ai pas regardé *LE* match hier soir mais j’ai une bonne excuse : je me lève désormais chaque matin avant cinq heures pour profiter de la fraîcheur relative des premières heures de la journée et il faut donc que je me couche tôt. Hier, je me suis endormi alors que les Anglais venaient de marquer et menaient 1 – 0. J’ai été réveillé un peu plus tard par des exclamations, des pétards et des coups de klaxon. « Ah très bien, les Italiens ont gagné », ai-je souri en me retournant dans le lit pour consulter ma montre. « Oh-oh, 23h30 ? Ça, ça veut dire prolongations et tirs aux buts » (ou comment connaître le déroulement d’un match sans avoir besoin de le regarder). Inutile de dire qu’il y avait de l’ambiance dans la rue et que j’ai eu besoin de mettre mes bouchons d’oreilles pour pouvoir continuer ma nuit !

Avant cela, j’avais très bien dîné et bénéficié de l’érudition de mon hôte à propos de l’histoire locale. J’avais remarqué, en arrivant à Castelnuovo di Conza, que toutes les maisons paraissaient récentes, ce qui était étonnant dans ce village perché vraisemblablement ancien, et que l’église était moderne, en béton, et particulièrement moche. Il m’a appris que le village a été reconstruit après avoir été détruit à 95% en 1980 par le tremblement de terre de l’Irpinia, un séisme d’une magnitude de 6,9 dont l’épicentre se trouvait à 1 km au sud-ouest du village. Castenuovo di Conza et d’autres villages de la région, dont Teora et Conza di Campania où je suis passé ce matin, ont été complètement détruits et plusieurs milliers de personnes ont été tuées.

Calitri, un autre village perché où je suis arrivé cet après-midi après une belle étape de marche dans une campagne vallonnée, a été partiellement détruit mais le centre du bourg a résisté, ce qui m’a permis d’être logé dans une vieille maison surplombant la ville et la vallée. Une très vieille maison, même. Pour dire la vérité, j’ai connu des refuges non gardés plus propres et plus accueillants, mais il y a une douche et un lit… et c’est le principal après tout.

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