Sur les bords de la Somme

Traversée Nord-Sud, étape n°11 : Abbeville -> Hallencourt (vendredi 08/10/2010).
Vous pouvez aussi voir ici la liste de toutes les étapes de la Traversée Nord-Sud
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Un pêcheur « qui n'est pas du coin »
Un pêcheur « qui n’est pas du coin »

Après Abbeville, mon trajet remonte le cours de la Somme sur sa rive gauche, le long d’un ancien chemin de halage. Enfin, presque sur sa rive gauche : très rapidement, le chemin s’en détache et me voici en train de marcher quelques centimètres au-dessus du lit du fleuve et à quelque distance des deux berges. Le petit bras d’eau qui me sépare de la rive gauche n’est pas très large, mais il l’est assez pour m’empêcher de prendre, comme je l’avais prévu, l’un des sentiers qui s’éloignent de la rivière pour piquer plein sud à travers les marais.

Tant pis ou sans doute tant mieux car les nombreux coups de fusil venant de cette direction montrent que nos amis les chasseurs ne font pas relâche le vendredi. Tant mieux surtout parce que le fait de devoir longer durant quelques kilomètres supplémentaire ce joli petit fleuve sauvage, avec ses berges herbeuses et les multiples canards qui s’y reposent à l’abri des Tartarins, est plus une récompense qu’une punition.

Il n’y a pas de chasseurs au bord de la Somme, mais des pêcheurs à la ligne, ça oui. Bien que, si l’on y réfléchit, leur loisir ait des points communs avec celui des chasseurs, j’ai pour ces solitaires qui ne font pas de bruit, n’utilisent pas d’arme à feu et ne font pas courir de risque aux promeneurs, une sympathie nettement plus grande que pour les amateurs de fusils.

À l’habituelle entrée en matière « ça mord ? », l’un d’entre eux me répond avec un grand sourire « non, rien de rien, mais vous avez vu comme l’air est doux aujourd’hui ? », et lorsque je repars sur un « au revoir, et meilleure chance », il me souhaite à son tour « au revoir, et bonne promenade ! » J’aime bien ce mot, « promenade ». C’est un mot léger, décontracté, un peu désuet. Un mot sans prétention.

Vierge à l'Enfant sur le pont d'Épagne
Au moment de quitter la Somme, je remarque sur le pont qui mène au village d’Épagne une assez belle statue de Vierge à l’Enfant. Un autre pêcheur se trouve à deux pas. Quand je lui demande — après la question rituelle bien sûr — s’il sait pourquoi cette statue se trouve à cet endroit précis, ce vieux monsieur me répond en s’excusant presque « Je ne sais pas, je ne suis pas d’ici, je suis du Pas-de-Calais. Il faudrait demander à des gens du coin ». Et il poursuit « mais elle doit être là depuis longtemps, il y a plus de 50 ans que j’habite à Épagne, et elle était déjà là quand je suis arrivé ».

10 commentaires


  • Oui, les limites des communes sont indiquées sur les cartes de l’IGN visibles sur son Géoportail (il faut afficher les cartes au lieu des photos aériennes pour les voir). Le pont et la statue sont bien situés sur le territoire de la commune d’Épagne-Épagnette.
    Merci pour le lien.

    Mercredi 15 décembre 2010
  • Lignesbleues

    pas de traces pour l’instant, êtes-vous sûr que c’est la bonne commune ? voici un lien :-) qui vous sera peut-être utile dans la suite de vos perégrinations : http://collections.culture.fr/

    Mercredi 15 décembre 2010
  • @lignesbleues : la statue est situé sur la commune d’Épagne(-Épagnette). Sur les photographies aériennes, on la devine à l’extrémité nord du pont (rive droite de la Somme), à quelques centaines de mètres au sud du bourg.

    @quotiriens : Certes, certes. « Aufhebung ».

    Mercredi 15 décembre 2010
  • Mais quand on a eu 17 ans, on a toujours 17 ans, non?

    Mercredi 15 décembre 2010
  • Lignesbleues

    connaissez-vous le nom de la commune où se trouve la dite statue ?

    Mercredi 15 décembre 2010
  • La statue est en pierre peinte et qui a vécu ; la tête de l’enfant Jésus a apparemment été recollée. Oui, qu’est-ce qu’elle fait là, n’est-ce pas.
    Le pauvre pêcheur, auquel je pardonne de n’avoir pas pu répondre à cette question, pêchait le gardon qui paraît-il est abondant dans cette portion du fleuve (sauf que tout le monde était bredouille ce jour-là).
    Y a-t-il un plus bel âge de la vie ? Au moins, on n’est pas sérieux quand on a 17 ans.

    Mardi 14 décembre 2010
  • Lignesbleues

    ps. Dommage aussi pour vos 17 ans. Regrets partagés, mais bon, ce n’est pas forcément le plus bel âge de la vie

    Mardi 14 décembre 2010
  • Lignesbleues

    Mais que fait-elle là cette statue (en bois ? sans abri ?) Il s’agit bien d’une Vierge à l’Enfant et non d’une Jeanne d’Arc, et nous ne sommes pas en Lorraine où Quotiriens semble vouloir nous entraîner.
    Pauvre pêcheur (au singulier !) il paraît que les étangs sont particulièrement pollués : j’ai oublié la formule chimique mais je crois qu’il y a du phényl… dont se nourrissent les anguilles bien grasses dans la vase. Dommage, c’est bien joli les étangs de la Somme.

    Mardi 14 décembre 2010
  • « Narcisse aveugle », en voilà un bel oxymore. « Promenade, limonade », c’est un roman ? En tout cas, la rime évoque mes dix-sept ans, passés depuis longtemps, que je regrette encore.

    Mardi 14 décembre 2010
  • Très belle image de quiétude attentive, horizontale. Le pêcheur n’est-il pas un narcisse aveugle, sans reflet sur l’eau (pour ne pas effrayer la proie potentielle)?
    Au bout de la promenade, une limonade?

    Mardi 14 décembre 2010

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