Blockhaus

Traversée Nord-Sud, étape n°3 : Gravelines -> Calais (dimanche 18/07/2010).
Vous pouvez aussi voir ici la liste de toutes les étapes de la Traversée Nord-Sud
.

Depuis mon départ de Gravelines ce matin, la température n’a cessé de grimper. Le soleil tape dur sur le sable de la plage et des dunes, et semble d’autant plus fort qu’il ne souffle aujourd’hui sur le rivage qu’une inhabituelle petite brise de terre. La mer s’est retirée à l’horizon. S’il n’y avait toutes ces herbes folles sur les dunes et ces bouquets d’euphorbes, je pourrais me croire dans un désert.

Il est presque deux heures, midi au soleil. Il fait chaud, il fait soif et il commence à faire faim. Au détour d’une dune, une étendue d’eau isolée apparaît juste à propos, un bel étang d’une centaine de mètres de diamètre. L’eau est fraîche, lisse et bleue, comment résister ? Par terre le sac à dos, sur le sable mes habits, et hop, à l’eau !

Après quelques minutes de nage rafraîchissante, je m’installe sur le sable au pied d’une drôle de petite cabane pour déjeuner tout en séchant au soleil. Quel bel endroit… la vie n’est-elle pas merveilleuse ? Sauf que. Je réalise progressivement que la cabane près de laquelle je suis assis est une hutte de chasse, un « gabion » ; que cette belle étendue d’eau est une « flaque », un de ces étangs artificiels créés par l’homme pour la chasse au canard.

C’est uniquement parce que nous sommes encore en juillet que j’ai pu profiter du sable, du soleil et de l’eau bleue. Parce que la période de chasse n’est pas encore ouverte. Pour quelques semaines encore, les oiseaux sauvages ne risquent rien et même un randonneur solitaire peut se promener librement et sans danger en ce lieu.

Le petit coin de paradis que j’occupe depuis une heure avec bonheur, cet oasis de calme et de fraîcheur, n’est qu’un leurre. Dès le mois d’août, c’est la mort qui règnera ici. Des groupes d’hommes armés viendront passer la nuit dans le petit blockhaus qui me surplombe et qui a été construit — comme les autres blockhaus dont le béton et la ferraille souillent les plages et les dunes de cette belle région — dans le seul but d’être à l’abri pour tuer.

2 commentaires


  • h.

    des chasseurs ? je ne sais pas, ici c’est la montagne, couverte de résineux et de bambous, inaccessible. Je n’ai pas vu de poules. Il doit pourtant y en avoir, noires sans doute, car ce matin le petit déjeuner comprenait un œuf, blanc comme neige, à consommer cru, ce que je fis sans réticence. Mais les spécialistes des gallinacés connaissent sans doute beaucoup mieux que moi le rapport entre la couleur de la coquille et celle du plumage. Après ces bavardages inutiles, je vous souhaite malgré tout une bonne journée. TAKAYAMA toujours avant de partir plus loin demain du côté de Nagano

    Mardi 28 septembre 2010
  • Ah ça, des chasseurs, on en croise partout sur les chemins. Et quelque temps après la Somme, la Sologne aussi se trouvera un jour sur mon parcours. Takayama… c’est presque une autre planète. Est-ce qu’il y a des chasseurs à Takayama ? (et est-ce qu’il y a des poules ?)

    Lundi 27 septembre 2010

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