Les bons moments

Traversée Nord-Sud, étape n°4 : Calais -> Ambleteuse (lundi 19/07/2010).
Vous pouvez aussi voir ici la liste de toutes les étapes de la Traversée Nord-Sud
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L'Angleterre au loin

Point de vue depuis les hauteurs, près de Wissant. Au loin, les falaises anglaises

Il y a toujours au moins deux bons moments dans la journée d’un voyageur à pied. Le premier, c’est le matin, au moment du départ. Il est encore tôt mais on est prêt. Après le petit déjeuner, on a ramassé les quelques affaires qui traînaient autour du lit ou séchaient ça et là, on les a pliées et remises dans le sac à dos. On a passé les bras dans l’arrondi des bretelles du sac, ajusté celles-ci sur les épaules et bien serré la ceinture sur les hanches. Il ne reste plus qu’à faire ses adieux à l’hôte ou à l’hôtesse et à régler la note, avant de laisser derrière soi l’endroit où l’on a passé la nuit et qui appartient déjà au passé. Le corps reposé a hâte de se remettre en route et de retrouver le rythme de la marche, de quitter cet abri, atteint avec joie hier, pour un ailleurs qui l’attend plus loin.

Le second bon moment, c’est à la fin de la journée, quand le nouveau gîte est atteint. Pour peu qu’il y ait eu un peu trop de kilomètres ou de dénivelé, ou que le temps ait fait des siennes, ou que l’on n’ait tout simplement pas été en forme aujourd’hui — et il est bien rare que l’une au moins de ces éventualités ne soit pas présente — les derniers kilomètres ont paru longs, la dernière ligne droite a semblé interminable, la traversée des faubourgs de la ville n’en a plus fini. Quel plaisir de poser le sac à dos, de retirer ses chaussures ! On sait que dans une heure ou deux, après quelques étirements, une bonne douche si les lieux le permettent, peut-être un somme de vingt minutes, cette sensation de fatigue de tout le corps ne sera plus douloureuse mais au contraire chaude et enveloppante comme un cocon.

Les autres bons moments sont plus imprévisibles. Ils naissent d’une rencontre, d’une image ou d’un son, d’un paysage ou d’une scène à laquelle on assiste. Ils peuvent être liés à cet état d’euphorie tranquille qui survient souvent après quelques heures de marche. Ils peuvent naître d’un rien. Aujourd’hui, mon meilleur moment a été celui du déjeuner.

Après être parti de Calais ce matin, je me suis vite éloigné du bord de mer suivi depuis la frontière belge. Histoire de changer un peu, j’ai marché à quelque distance de la côte. À travers de grandes étendues de blé et de betteraves, je voyais la mer au loin, sur ma droite, et au-delà les blanches falaises anglaises, parfaitement visibles malgré la distance grâce à un temps lumineux.

Meules de paille
Un peu après midi, dans un repli du chemin, un champ au profil légèrement bombé a masqué la mer et l’Angleterre à ma vue. Il n’y avait plus un souffle de vent, il faisait chaud, c’était la campagne et le plein été. Assis à l’ombre de l’une des meules de paille rondes qui parsèment les champs fauchés et adossé à elle, j’ai dégusté l’un des meilleurs repas de ma vie : du pain, quelques tranches de jambon blanc et de pâté achetés ce matin dans une charcuterie de Calais, deux portions de Vache qui rit et une pomme, le tout arrosé d’un somptueux Coca tiède, tandis que des hirondelles volaient en tous sens au-dessus de moi en lançant des cris sonores. Gastronomie de randonneur qui valait aujourd’hui toutes les étoiles du Michelin

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