Traversée Nord-Sud

Quelque part dans les Cévennes

La semaine que j’ai passée en Lozère sur les traces de Robert-Louis Stevenson a été mon baptême de la grande randonnée. Jusqu’alors, j’étais un marcheur occasionnel, qui aimait passer de temps à autre une journée sur les chemins de la région parisienne, seul ou — rarement — avec l’un de mes fils.

Une fois seulement, il m’était arrivé de partir pendant deux jours en passant la nuit dans un petit hôtel soigneusement réservé à l’avance. Ça avait été une belle balade, mais cette traversée du Gévaudan et des Cévennes sur le Chemin de Stevenson, que j’ai relatée au fil de ce blog en mai dernier, fut une expérience d’une toute autre dimension. Huit jours de marche entre Langogne et Saint-Jean du Gard qui m’ont fait comprendre l’énorme différence entre « faire une randonnée » d’un ou deux jours et « voyager à pied ».

Partir sur les routes, c’est changer d’univers. On abandonne ses habitudes comme un serpent sa vieille peau. Il suffit d’un ou deux jours pour que ce qui était la vie de tous les jours paraisse étrange et étranger. Ce qui hier occupait toutes nos pensées — l’emprunt en cours, le dossier à finir, le collègue qu’on supporte mal, les mails auxquels il faut répondre — devient dérisoire ; mieux, tout cela disparaît de nos pensées, de notre vie ; cela n’existe plus. Quand le besoin de boire un verre d’eau ne peut plus être satisfait par un simple aller-retour jusqu’à la cuisine, les priorités d’hier perdent toute consistance, et les besoins de base — manger, boire, dormir — reprennent leur réelle place.

Marcher seul pendant plusieurs jours, c’est décider de se couper de ses amis, de sa famille, de son travail. C’est être seul le plus souvent, et pourtant c’est l’occasion de bien plus de rencontres que dans la vie de tous les jours, où l’on côtoie beaucoup de monde mais où les rencontres sont rares et policées. Sur les chemins, elles sont l’occasion de se saluer, de parler ou de se taire, de donner et de recevoir.

Traversée Nord-Sud
J’étais à peine rentré des Cévennes que l’envie de repartir me chatouillait les pieds et l’âme. Il a suffi de quelques jours pour décider de ma prochaine randonnée, en regardant une carte de France. Ce bel hexagone régulier m’a soufflé la réponse la plus évidente : depuis Dunkerque au nord, il suffit de tracer une ligne quasi verticale pour arriver à Perpignan, quelques mille kilomètres plus au sud à vol d’oiseau. « Et si je traversais la France du nord au sud ? » me suis-je dit.

Pourquoi pas, après tout ? Il suffit de le vouloir, donc c’est décidé : je vais traverser la France continentale à pied, du nord au sud, de Dunkerque à Perpignan. Plus précisément, j’irai de la commune française la plus septentrionale, Bray-Dunes à la frontière belge, jusqu’au Cap Cerbère à la frontière espagnole. Mille kilomètres à vol d’oiseau, combien cela peut-il faire de kilomètres quand on voyage à pied et en empruntant les chemins détournés ? Deux mille ? Deux mille cinq cents peut-être ? On verra bien.

Si j’étais retraité, je pourrais partir pendant deux ou trois mois pour vivre ce voyage en une fois, mais je ne suis pas retraité. Il va me falloir fragmenter la route en segments de quelques jours ou de quelques semaines. Eh bien soit, je ferai autant d’étapes et diviserai le parcours en autant de segments qu’il sera nécessaire. J’y mettrai le temps qu’il faudra, mais que ce soit en un an ou en cinq, cette Traversée Nord-Sud, je vais la faire ! Sans me presser, par le chemin des écoliers et en profitant au maximum des paysages et des rencontres. Et j’ai déjà hâte de partir.

2 commentaires


  • Bonjour H., et merci pour vos deux commentaires récents qui me stimulent. Je suis arrivé à Abbeville avant-hier 06 septembre (10e étape) et comme vous l’indiquez, les chemins de traverse sont multiples. Partant de Bray-Dunes, je ne pouvais pas faire autrement que commencer par longer la Côte d’Opale, ce qui explique que j’aie déjà marché 250 km… pour descendre d’à peine plus de 100 km vers le sud. J’ai pris plein de notes et quelques photos acceptables, les blogs vont bientôt venir.
    « J’ai tenté un Wissembourg-Dinan malheureusement pas à pied » ? Voilà une phrase propre à exciter la curiosité. Quel moyen de transport cette tentative utilisait-elle ? Vélo, fauteuil roulant, vol à voile ou… ?

    Mercredi 8 septembre 2010
  • h.

    rapporté a l’échelle de la carte, le fil de laine rouge va laisser la place à quelques kilomètres de chemins de traverse… en ce qui me concerne, j’ai tente un Wissembourg -dinan malheureusement pas à pied. j’observe attentivement le contenu des blogs :plus de 700 mis à jour c’est un peu décourageant. la stratégie du nom commençant par A précédé de deux paires de guillemets manque de modestie (moi d’abord). L’ouverture des derniers blogs mis à jour qui offre une promenade hors sentiers battus est polluée ces derniers temps par les bombardeurs d’yonne en tout Sens… Bref restait la plus modeste rubrique VOYAGES qui outre l’intéressant blog Tokyo (il est vrai tenu par le correspondant du journal) et voilà comment je parvins à lignes de fuite.le choix des lieux et des photos me parait intéressant : donc attendons la suite de l’expédition nord sud

    Samedi 4 septembre 2010

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