Une aventure planifiée

Traversée Nord-Sud, étape n°4 : Calais -> Ambleteuse (lundi 19/07/2010).
Vous pouvez aussi voir ici la liste de toutes les étapes de la Traversée Nord-Sud
.

Hôtel d'Ambleteuse
Me voici à Ambleteuse, où je vais passer la nuit. Pour le quatrième soir successif depuis mon départ de Bray-Dunes, j’ai posé mon sac à dos dans la chambre d’un petit hôtel. Celui-ci ressemble à un paquebot miniature posé sur l’herbe, avec un hublot en guise de fenêtre dans la salle de bain, et une grande baie vitrée donnant sur la coursive qui l’entoure. L’accueil est simple et sympathique, la chambre propre, la douche chaude, le tarif modique. Tout est parfait en somme.

Pourtant, je ressens tous les jours un peu plus la contradiction qu’il y a entre le sentiment de liberté que mes journées de marche font naître et l’obligation que je me suis donnée de suivre un tracé préparé à l’avance pour rejoindre un lit réservé depuis plusieurs semaines.

Hôtel
Avant mon départ, il m’avait paru tout naturel d’organiser mon voyage en commençant par choisir les endroits où je dormirais chaque soir, à la fin d’étapes de longueur raisonnable. Je sais donc très bien le matin lorsque je me mets en route dans quel hôtel ou chambre d’hôte je vais dormir le soir. Je sais si un repas sera servi, s’il y aura un restaurant à proximité ou s’il faut que j’aie de quoi dîner dans mon sac. Tout est organisé, planifié. Tout est bouclé.

Jacques Lacarrière a raconté dans Chemin faisant comment il a évité cette contrainte lors de son périple entre les Vosges et les Corbières. Il a marché à l’aventure, sans programmer ses étapes, ce qui lui a donné toute latitude pour suivre des chemins choisis au dernier moment, pour faire des détours ou prendre des raccourcis, pour se dépêcher ou pour prendre son temps. Évidemment, il s’est par là-même imposé une autre contrainte, celle de devoir chercher chaque soir un gîte pour la nuit, et cela n’a pas toujours été facile : en 1971 déjà les Français ne brillaient pas par leur hospitalité. Il a néanmoins le plus souvent réussi à trouver au moins une grange, une salle de classe, une remise, pour y dérouler son sac de couchage.

Gîte
Je ne suis pas sûr que cela soit encore possible aujourd’hui. Une personne avec un sac à dos est souvent regardée avec suspicion : s’agit-il d’un « respectable randonneur » pratiquant son loisir favori, ou d’un vagabond a priori suspect ? Et puis, le réseau des gîtes et des chambres d’hôtes s’est beaucoup développé ; pour quelle raison ce type-là cherche-t-il donc un abri gratuit ? Le risque me semble donc grand d’essuyer refus sur refus et de finir par marcher de nombreux kilomètres supplémentaires en fin de journée pour rejoindre l’hôtel ou le gîte le plus proche, voire de devoir dormir à la belle étoile.

Pour l’instant donc, je vais rester prudent. Trajet programmé, relais réservés, l’aventure va continuer à être planifiée. La tentation est forte, toutefois, de laisser plus de place à l’imprévu. A la belle saison, lorsque je serai dans la moitié sud du pays, et en emportant un duvet et une tente légère pour parer à toute éventualité, pourquoi pas ? Oui, pourquoi pas.

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